 Magnifique et très généreux programme de musique franco-belge pour violon et piano. Le poème élégiaque d’Ysaÿe est un petit chef d’œuvre qui ouvre la voie à celui, plus connu, de Chausson. Certes la version pour orchestre sonne avec plus de richesse mais celle avec piano met encore mieux en valeur l’écriture du grand virtuose, compositeur de génie et qui suscita tant de chefs d’œuvre. Au premier rang de ceux-ci on trouve évidemment la sublime sonate de Franck dont Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien donnent une lecture enflammée qui prend place parmi les premières d’une discographie particulièrement fournie. Mais pour Vierne, auteur d’une autre sonate dédiée à Ysaÿe, la concurrence est moins nombreuse et cette version s’impose sans discussion comme la plus belle de toutes celles enregistrées et réhabilite cette grande page au lyrisme sombre et tourmenté comme toutes les œuvres de l’organiste de Notre-Dame. Le très bref et dépouillé Nocturne de Lili Boulanger apporte une dernière note plus calme et apaisée après Vierne et clôt ce panorama aux couleurs variées splendidement défendu par un duo d’exception. (Richard Wander)  Susciter des chefs-d’œuvre, Eugen Ysaye en fut coutumier, il est le héros du nouvel album qu’Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien font paraitre après leur grand voyage chez Mozart. Son Poème élégiaque, inspiré par la scène au tombeau de Roméo et Juliette ouvre ce disque et vient rappeler quel compositeur d’importance il fut, avant même d’être l’inspirateur et l’interprète de génie que l’on sait. Il avait le don de créer un univers poétique hypnotique que l’archet de la violoniste saisit dans toutes ses nuances : le paysage qu’elle compose avec le piano éolien de Cédric Tiberghien à la fin de l’œuvre me poursuit de son long trille fuligineux. La Sonate de Franck évite toute hystérie, sans pourtant rien perdre de son pouvoir d’émotion, la sonorité creusée du violon, le piano orchestral mais sans tapage, tout conduit à produire une lecture intériorisée qui suspend le temps dans le Recitatibo-Fantasia aux teintes fauréennes : quel art du pianissimo ! Vingt ans plus tard, Ysaye se tournait vers un autre organiste : Vierne lui écrirait-il une sonate ? Ysaye y mit son grain de sel, la partie de violon est étourdissante. Vierne, se prenant au jeu écrivit une œuvre brillante, capricieuse de rythmes, pleine de surprises harmoniques, avec une magnifique partie de piano pensée pour Raoul Pugno que Cédric Tiberghien fait sonner avec des raffinements que peux y auront mis jusque là alors que le l’archet d’Alina Ibragimova danse avec ivresse où rêve, nostalgique à souhait. Heureux Vierne dont cette Sonate trop longtemps restée peu courue malgré les efforts de Jean Moulière et de quelques autres, aura suscité récemment deux belles versions, celle-ci et celle d’Elsa Grether et de François Dumont. En postlude, quelle jolie idée d’avoir placé la berceuse en train de s’endormir qu’est le tendre Nocturne de la grande Lili, pure poésie comme tout ce disque. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  The Franck sonata—one of the best-loved works in the entire Romantic violin repertoire—is one of a trio of delectable Franco-Belgian treats on offer from the acclaimed pair. A bonne bouche from Lili Boulanger completes a particularly enticing recital.
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