Hugo Wolf (1860-1903)
"Italienisches Liederbuch I et II", d'après Paul Heyse
"Mörike-Lieder", d'après Eduard Mörike
"Spanisches Leiderbuch", d'après Paul Heyse et Emanuel Geibel

Irmgard Seefried, soprano
Erik Werba, piano

Il y eut avant-guerre, à l’instigation de Walter Legge, la Hugo Wolf society, les enregistrements fondateurs de Hotter et Kipnis ont été publiés en CD par EMI, trésors de discothèque. Parmi la miraculeuse génération qui suivit, Schwarzkopf, Ludwig, Seefried, et Fischer-Dieskau défendirent Wolf. Pour le cinquantenaire de sa mort, Schwarzkopf lui consacra un plein récital, Furtwängler au piano (EMI documenta). Fischer-Dieskau le servit tout au long de sa prodigieuse carrière, lui consacrant même son dernier récital à Salszburg. Seefried ne poussait pas aussi loin le prosélytisme, l’affichant toujours au côté d’autres compositeurs, et le présent récital puise dans deux soirées de 1956 et 1959. Certes Seefried ne poussait pas le raffinement (et l’artifice) à l’extrême comme Mme Legge, elle n’avait pas l’autorité du baryton berlinois. Les dieux ne lui accordèrent pas la même longévité. Une belle et grande décennie dans la plénitude de ses moyens, avant un irrésistible déclin que son intelligence artistique parvenait de moins en moins à masquer. Mais en ces années 50, elle avait l’essentiel, qui échappa toujours à ses deux collègues : un naturel qui faisait d’elle la parfaite médiatrice du compositeur. On ne chante plus guère Wolf aujourd’hui, raison de plus pour chérir ce disque précieux. On n’a jamais douté de la sincérité de Werba, mais son jeu sec et motorique a toujours un peu gâché notre plaisir. Un disque historique. (Olivier Gutierrez)