Richard Wagner (1813-83)
Tannhäuser

Wolfgang Windgassen, Tannhäuser
Victoria de los Angeles, Elisabeth
Grace Bumbry, Venus
Josef Greindl, Landgraf
Dietrich Fischer-Dieskau, Wolfram
Gerhard Stolze, Walther
Franz Crass, Biterolf
Gerhard Paskuda, Heinrich
Theo Adam, Reinmar
Orchesta of the Bayreuth Festival
Wolfgang Sawallisch, direction

La sensation fut une Vénus noire, Grace Bumbry, ardente, suprêmement bien chantante – elle était la disciple chérie de Lotte Lehmann – la presse en fit des gorges chaudes, s’attardant plus sur sa plastique que sur sa voix, c’est pourtant pour cette voix si sensuelle que le Tannhäuser de Wolfgang Windgassen se damnerait. Mais la vraie révolution, ce fut la direction vive, poétique, très Weber, que Wolfgang Sawallisch apportait à ce grand opéra romantique, innovant par l’allégement, la fluidité, l’élégance que l’œuvre à Bayreuth n’avait jamais connus. Je comprends mieux pourquoi les italiens aimaient tant le Wagner de Sawallisch (de Rome il y a un autre Tannhäuser, avec Janowitz et Kollo, à la Scala un autre encore avec Jurinac et Beirer, cherchez les !), je comprends mieux pourquoi surtout il avait choisi le timbre pur de Victoria de Los Angeles dont il envole les aigus dans ses flots de cordes. Avec le Wolfram poète de Fischer-Dieskau, une compagnie de trouvères finement appariée, c’est tout du long pur lyrisme, et incandescence au II même si Victoria n’osera pas la sensualité qu’Anja Silja suggérera l’année suivante. Soirée historique, d’une étoffe poétique unique et qui aura changé à jamais le visage de l’œuvre. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)