 Diptyque séparé d’un interlude en 5 Miniatures (plus immédiatement électroniques), …On Ne Sait Pas a été créé lors du festival CCMC (Contemporary Computer Music Concert) à l'Institut Français de Tokyo en 2016 par le compositeur, interprète acousmatique et improvisateur électroacoustique Vincent Laubeuf. Elève de Jean-Marc Duchenne et Denis Dufour, qui, en 2007, lui a remis les clés de Motus, compagnie musicale centrée sur la recherche, théorique et pratique, en matière d’interprétation des musiques acousmatiques et d’installations interactives, Laubeuf nourrit son inspiration auprès de Dusapin, Ferneyhough ou Pesson. Dans Le Silence On Ne Sait Pas mêle et alterne les sources sonores, électroniques, acoustiques, concrètes, au profit d’une ambiance subtile, qui trace son chemin par vagues imprécises, indécises, jusqu’à l’entrée en jeu des tambours, d’abord circonscrite, puis martiale voire offensive, renonçant toutefois sans raison apparente – si ce n’est l’arrivée tardive de V2 oniriques. Ces percussions, tonitruantes, débutent Dans Le Bruit On Ne Sait Pas, qui s’inscrit dans la continuité de sa composition sœur, mêlant habilement enregistrements de voix nasillardes, cloches d’église, bruits de vaisselle et interventions électroniques. (Bernard Vincken) Dans le silence on ne sait pas [2015] : « [...] il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer, il faut dire des mots, tant qu’il y en a, il faut les dire, jusqu’à ce qu’ils me trouvent, jusqu’à ce qu’ils me disent, étrange peine, étrange faute, il faut continuer, c’est peut-être déjà fait, ils m’ont peut-être déjà dit, ils m’ont peut-être porté jusqu’au seuil de mon histoire, devant la porte qui s’ouvre sur mon histoire, ça m’étonnerait, si elle s’ouvre, ça va être moi, ça va être le silence, là où je suis, je ne sais pas, je ne le saurai jamais, dans le silence on ne sait pas, il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer. », Samuel Beckett, L’innommable. Où il est question du silence et de l’attente, de ce qui n’arrive pas. Où il est question de refuser le réel (même si cela n’a pas de sens – même s’il n’a pas de sens). Où il est question, finalement, du tragique (le tragique vu par Clément Rosset, qui y associe la joie). 5 miniatures [2016] : Pièce courte composée de 5 mouvements enchaînés. Conçue avec légèreté et vivacité. Comme interlude entre les deux autres pièces. Dans le bruit on ne sait pas [2015] : « Se taire et écouter, pas un être sur cent n’en est capable, ne conçoit même ce que cela signifie. C’est pourtant alors qu’on distingue, au-delà de l’absurde fracas, le silence dont l’univers est fait. », Samuel Beckett, Molloy. C’est le pendant de la pièce « Dans le silence on ne sait pas ». J’en reprends des sons, des séquences mêmes (mais raccourcies, mises en boucle). Les structures de ces deux pièces sont voisines (elles se rencontrent même parfois, quasi semblables à certain moment) mais le résultat sonore, la perception en sont totalement différentes : alors que pour « Dans le silence on ne sait pas » l’attente est le centre de tout, le silence domine la pièce, ici au contraire c’est l’obsession qui prend le dessus, ceci jusqu’à la disparition (presque) progressive du son.
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