 Uri Caine (Né en 1956) possède une double casquette de pianiste et d'arrangeur. L'équivalent américain d'un Michel Legrand déniaisé et mitteleuropa. Etudes classiques à Philadelphie auprès de Georges Crumb puis formé au piano avec Bernard Peiffer, il joue aussi bien en clubs (Ses disques en trio évoluent dans les hautes sphères du jazz - Bill Evans et Brad Meldhau) qu'en salle de concert. Il enregistre beaucoup, invitant pour l'occasion son propre ensemble, un orchestre de chambre ou des solistes de tous bords (Paolo Fresu, Dave Douglas, Joe Lovano, Hann Bennik, Theo Beckmann) avec qui il interprète ses propres arrangements de Wagner, Gershwin, Schumann, Mozart, Vivaldi, Bach ou Beethoven. En 2002, Caine intègre une formation baroque, le Concerto Köln, ses fabuleux instruments d'époque (On en trouve la liste exhaustive dans la notice du disque) et se procure un piano Erard datant de 1839, pour enregistrer ses arrangements des Variations Diabelli op. 120. Il s'agit, comme l’indique le pianiste, d'arrangements mais surtout d'improvisations issues du thème principal puis des nombreux motifs et variations qui balisent la partition, 34 au total. Manifestement Uri Caine à eu plaisir à exploiter les sonorités du piano Erard. Le thème de valse sonne comme un ragtime. L'orchestration elle jouit des merveilleux timbres des instruments du Concerto Köln tout en sonnant furieusement moderne, ce qui paraît logique étant donné la personnalité de l'arrangeur, respectueux de la lettre mais émancipé quant à l'esthétique avec de temps à autre quelques clins d’œil aux symphonies de maître de Bonn (Septième variation). Caine nourrissant sa lecture de multiples sources, Mahler, Respighi, Stravinski, Prokofiev, Rachmaninov et d'autres. Au final un exercice de style(s) jubilatoire. (Jérôme Angouillant)

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