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Voici une œuvre rare, issue d’une collaboration entre un père librettiste et son fils compositeur.  Cette œuvre enregistrée en 2002 est le fruit de la collaboration de deux artistes mexicains — l'un, dramaturge — étant le père de l'autre — musicien et compositeur. Se revendiquant comme « production d'avant-garde unique en son genre » — mais c'est quoi le genre « hémofiction »?— elle relève d’une sorte d’intarissable « théâtre musical de poche » ou du happening plus que de l’opéra. Le livret est réduit à une intrigue élémentaire loufoque : Juansorisa (baryton) et Primancianita (mezzo) forment un couple marié et ne se supportent que du fait de leur addiction commune à l'alcool et à la drogue. S'imaginant être les parents de deux frères siamois alors qu'ils n'ont pas d'enfants, ils se prennent pour des stars du théâtre mais ne font que doubler de quelconques comédiens. Leurs échanges sont pour la plupart faits d'onomatopées, de phrases ultracourtes, nominales, truffées de jeux de mots dérivés les uns des autres, façon bouts-rimés. Formant aussi des listes de type nominaliste (un personnage énumère à l’envi tout ce qu'il est puis tout ce qu'il n'est pas.) Des thèmes (la pornographie, la mort, la religion etc.) sont évoqués et fournissent des titres à des séquences passablement répétitives, tantôt chantées sur des lignes mélodiques peu contrastées, tantôt entrecoupées ou accompagnées d'interventions percussives, de clochettes, avec çà et là des accélérations, des ralentissements, des rires, des éructations, des immobilisations dans l’aigu. Surgissent aussi comme des échos de bastringue. Voix maniérées, minaudières, au débit artificiel, grotesque, hyperscandé. Ou indistinctes (bruits de fond, gargouillis, bouts de conversations). Des techniques liées à des styles musicaux ou théâtraux précis sont convoquées : sprechgesang, voix de fausset, micro-intervalles ; séries limitées de six notes, psalmodie, vocalises, commedia dell’arte, litanies… Emprunts à Berg, à Donatoni à la danse mexicaine mâtinée de rythmes cubains sur le plan musical. Au surréalisme, à Joyce, sur le plan littéraire. Cela donne dans l’obsessionnel devient parfois proche d'un babillage enfantin (les siamois ?). Un patchwork plutôt lassant. (Bertrand Abraham) Un opéra étonnant qui transporte l’esprit mexicain sur un terrain inhabituel et hautement révélateur, à la fois sur le plan littéraire et musical. Une musique ancrée de toute évidence dans l’esthétique de son pays mais qui rappelle aussi des compositeurs tels que Stravinski ou Berg. L’opéra DeCachetitoRaspado est le fruit d’une collaboration étroite entre un père et son fils. Le premier est librettiste, Juan Trigos Sr., l’autre est compositeur, Juan Trigos Jr. L’œuvre fait côtoyer ou se juxtaposer plusieurs influences, celle de la Commedia dell’Arte (traitement des caractères des personnages), le surréalismede l’écrivain mexicain Juan Rulfo, le style écrit de James Joyce, le danzón (danse populaire venue de Cuba et adoptée par le Mexique) et des échos de Stravinski, Donatoni ou Berg. Cette œuvre conte l’histoire d’un couple marié, Juansonrisa et Primancianita, l’un et l’autre alcoolique et fumeur invétéré. Ils sont convaincus qu’ils sont de vrais acteurs, alors qu’ils gagnent leur vie en doublant seulement les acteurs. Cette capacité à s’inventer une vie qu’ils n’ont pas et qu’ils n’auront sans doute jamais les conduit même à croire qu’ils sont les parents de deux siamoises jumelles… (Pierre-Yves Lascar)
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