 Les amateurs du jazz classique des années médianes du XXe siècle se réjouiront de voir paraître un CD qui affiche des morceaux dus à Fats Waller, Ella Fitzgerald, Duke Ellington ou Louis Armstrong. Peut-être seront-ils aussi saisis d’une crainte : comment une production d’aujourd’hui serait-elle à la hauteur des noms glorieux que nous venons de mentionner ? la déception ne guette-t-elle pas ? Il faut les rassurer tout de suite : sans doute Fola Dada n’est-elle ni Ella Fitzgerald, ni Billie Holiday, de même le conducteur de l’ensemble, Pierre Paquette, est fort éloigné du talent d’un Barney Bigard et même d’un Benny Goodman. Ce qui compte, pour l’auditeur de 2012, c’est de retrouver ces standards joués dans l’allégresse et l’enthousiasme par de jeunes musiciens qui rivalisent d’efforts. Fola Dada est mise en vedette dans 6 des 14 morceaux, cette jeune chanteuse (née en 1977) a mené une carrière très éclectique (tap-dance, chanson …) mais a parfaitement exprimé son talent dans le jazz vocal où, au rebours de bien de ses rivales, elle ne cherche à imiter personne : pas de « scat » à la Ella, pas de recherche d’une voix particulière, mais un chant propre, clair, intelligible, qui emporte l’adhésion des auditeurs, comme dans cet A Tisket ATasket, cependant pourvu d’une illustre référence. L’orchestre n’est pas en retrait, le swing dégagé par Opus one ou Swing That Music est digne de ses devanciers, et Isfahan, mené par un émule de Johnny Hodges, restitue l’atmosphère particulière des tubes ellingtoniens. Remercions SWR Music de nous offrir cette résurrection d’un temps disparu, saluons l’enthousiasme des musiciens et espérons qu’ils nous donneront un autre revival de même facture. (Jacques Bony)

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