En 2015, fut retrouvée à Osnabrück, une copie des 12 fantaisies de Telemann pour viole de gambe, qu'on croyait définitivement perdues. Elles faisaient suite à deux séries d'un même nombre de fantaisies destinées respectivement au traverso et au violon. La viole de gambe, à laquelle le compositeur allemand dressait un monument tant il magnifiait ses possibilités techniques et sa richesse expressive, était alors sur son déclin dans la plupart des pays européens, alors qu'elle avait connu une vogue immense et inspiré un grand nombre d'œuvres en France. Th. Fritzsch, le « redécouvreur », enregistra au plus vite ces pièces, créant, au disque, une véritable émulation, puisqu'en peu de temps, P. Pandolfo, R. Smith et aujourd'hui R. Mundi ont suivi. Le mélomane aura bien du mal à choisir entre ces quatre lectures de grande qualité, toutes — à leur façon — très accomplies : si les tempi adoptés sont très proches, c'est le timbre de l'instrument, le grain du son, la façon de faire ressortir plus ou moins les graves, de conjuguer dans un dosage plus ou moins subtil, douceur et rugosité, intimité ou extériorisation, de jouer plutôt « apollinien » ou plutôt « dionysiaque » qui pourra faire préférer telle ou telle version. À cet égard, la palette de R. Mundi se rapproche de celle de Pandolfo par ses aspérités, sa mise en valeur des graves, une touche de folie, mais elle sait aussi jouer l'intériorité, la douceur, comme le fait un R. Smith, plus décanté. Un interprétation fort recommandable, qui se hisse au même niveau que celles déjà disponibles. (Bertrand Abraham)
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