Strauss Œuvres orchestrales Ono - EPRC0067 - Evil Penguin - Classique - Nos labels

Maître du poème symphonique, genre qui prit ses lettres de noblesse avec Liszt, Strauss libère les puissances et les effets les plus extraordinaires dans ces deux immenses fresques sonores. Bénéficiant d’une prise de son remarquable, Kazushi Ono préfère assurément modérer les tempi afin de mieux révéler la dimension révolutionnaire de l’écriture, les hardiesses de l’harmonie. Il est vrai qu’il s’agit de deux captations en concert. Strauss se décrit lui-même dans cette partition en six épisodes dans laquelle le plus vaste des instrumentarium a été réuni avec des bois par quatre, huit cors, cinq trompettes, de nombreux autres cuivres et un orchestre en coulisse ! Il manque ici la flamme de l’épopée et malgré la maîtrise de l’unité du mouvement et une progression dramatique des plus efficaces, l’auditeur aurait aimé sentir une prise de risques plus affirmée. En revanche, on goûte à d’impeccables solos notamment des pupitres de la petite harmonie. Et quel finale ! Le 11 novembre 1889, la première exécution de Don Juan subjugua l’auditoire. Pour le jeune Richard Strauss, alors âgé de vingt-quatre ans, il s’agissait de son premier triomphe. Il lui ouvrait les portes d’une renommée internationale. Il s’agit de l’histoire d’un héros insatisfait et révolté. A la poursuite sans fin du plaisir, le personnage de Don Juan, érotomane dénué de scrupules, court vers son destin. La quête sans fin de l’idéal féminin lui fait commettre des crimes qu’il ne pourra expier qu’en disparaissant. L’excellent violon solo Henry Raudales porte en partie cette fresque, assurément mieux réussie qu’une Vie de héros. (Jean Dandrésy)