Puisqu’aujourd’hui 365+1=2024, laissons parler quelques chiffres ! 1883 est l’année de la mort de Wagner, symbole de la "musique de l’avenir". Richard Strauss a 19 ans lorsqu’il achève la version définitive de sa Sonate pour Violoncelle et Piano, sur le seuil d’une carrière de compositeur de 66 ans. Grieg a 40 ans lors de la composition de sa Sonate op. 36, 24 années créatrices lui succèderont, qui mettront un terme à 42 années de création. Enfin Fauré est âgé de 38 ans lorsqu’il publie l’Élégie op. 24, composée en 1880 mais seulement publiée en 1883, laquelle sera donc suivie d’une période créatrice de 44 autres années, son arc créatif personnel se déployant sur 63 ans… Dans l’évolution des styles de ces compositeurs, ces chiffres nous rappellent que ces œuvres sont d’abord intrinsèquement incomparables en raison des trajectoires personnelles de chacun de ces compositeurs. Leur rapprochement est donc avant tout un jeu de l’esprit : leurs différences et similitudes stylistiques sont l’expression de trois esthétiques musicales différentes, appréhendées au reste, comme on vient de le voir, à diverses étapes du processus créatif de chaque compositeur. Les trois mouvements de la Sonate de Richard Strauss laissent entrevoir les espiègleries passionnées que l’on retrouvera dans le Chevalier à la Rose. Entre deux mouvements nettement folklorisants, l’Andante molto tranquillo de la Sonate de Grieg est une marche funèbre qui rappelle les variations les plus tragiques de sa Ballade en Sol mineur op. 24 de 1875-76. Quant à l’Élégie de Fauré, sans doute le mouvement lent d’une Sonate qui ne vit jamais le jour, elle déploie la sombre tristesse que l’on retrouve dans certaines de ses mélodies ultérieures. Avec talent, le violoncelliste germano-franco-suisse Christoph Croisé et la pianiste kazakh Oxana Shevchenko confèrent charme et expressivité à cette arithmétique de l’esprit et du cœur. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) 883 was a fruitful year for cello composition as Christoph Croisé’s new recording reveals. That year marked Edvard Grieg’s return to composition after a period of conducting the Bergen Philharmonic Orchestra, with the Sonata in A minor, his only work for cello and piano. Also that year, Richard Strauss was writing for the same combination at the age of just 19, producing his Sonata in F. Gabriel Fauré embarked on a cello sonata in 1880; only the slow movement transpired and was published and premiered as the stand-alone piece Élégie in 1883. Christoph’s regular performing partner, Oxana Shevchenko, joins him in this beautifully balanced recording of works for cello and piano
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