 Tout autant que ses deux tardives sonatines pour 16 instruments à vent (1943/1944), les concertos de Strauss enregistrés ici sont un hommage, ô combien vibrant, au Mozart des divertimentos, sérénades et concertos pour vents (quatre pour cor, un pour hautbois, pour basson, pour clarinette). Quintessence du lyrisme post romantique de son auteur, le concerto pour hautbois (1945) débute par une phrase de plus de... 50 mesures ( !) exigeant du soliste de rares capacités respiratoire et digitale. L'andante nous offre une mélodie, peut-être plus riche et gracieuse que toutes celles écrites par R. Strauss pour la voix de soprano. Avec son immense talent, Goritzki rend aussi tout aussi bien l'esprit hayndien du rondo avec précision et naturel. Sorte de concerto grosso « fantaisie », le duo concertant pour clarinette, basson, cordes et harpe (1947) illustre un conte féerique mettant en présence un mendiant et une princesse. Les deux solistes jouent à la perfection la rencontre, l'esquive, le cache-cache, les retrouvailles des différents épisodes, très contrastés, d'un dialogue musical où la cocasserie et l'humour ne sont pas absents. Enfin, le second concerto pour cor (1942) vient 60 ans après le premier qui avait été écrit pour son père, alors premier corniste de l'orchestre de l'opéra de Munich. Œuvre parfaite par la continuité de l'inspiration, la fluidité du discours musical, la mise en valeur des ressources expressives et techniques du cor. Ainsi, au crépuscule d'une vie, longue, créatrice et féconde, Strauss écrit une musique sans artifice mais pleine de trouvailles, d'un raffinement extrême, dépouillée mais élégante, dénotant la connaissance profonde de chacun des instruments utilisés. Des interprètes … comme on en fait (presque) plus qui laissent en 1990 la version de référence de ces œuvres (malgré une prise de son un peu lointaine du basson). (Pascal Bouret)

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