 On retrouve Sergey Skorokhodov, le Guido d’ Une Tragédie florentine en Bacchus dans la percutante nouvelle mise en scène de l’Ariadne auf Naxos signée par Katharina Thoma. Régie habile, bien ficelée, transposition durant la seconde guerre mondiale, avec mise en abîme de Glyndebourne. Au prologue le spectacle se prépare dans l’Organ Room, et à la fin de celui-ci la guerre éclate, avec bombardement d’avions, moment spectaculaire ; pour l’Opéra Glyndebourne est transformé en hôpital de campagne. Sur tout cela une vraie direction d’acteur et quelques performances de chanteurs mémorables : Soile Isokoski en Primadonna-Ariadne qui ne cache pas son âge, la Zerbinetta de Laura Claycomb en voix d’or, mais surtout le couple Musilehrer et Komponist, Thomas Allen, acteur impayable donnant la répartie à une très surprenante Kate Lindsley. A chaque instant Jurowski met un théâtre alerte et sensible, rappelant qu’à Glyndebourne, et à l’opéra, il est décidément chez lui (Discophilia, Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)  Trois infirmières de la Croix-Rouge qui soignent au mercurochrome les blessures à la tête qu’a reçues un soldat, lequel s’obstine à réclamer « Circé ! Circé ! »… Serions-nous dans Ariane à Naxos de Richard Strauss ? Il paraît. Le metteur en scène, Katharina Thoma, a voulu « combler le fossé entre le public et l’œuvre » (j’oubliais que le public était idiot) et de placer Ariadne en 1940, ce qui « ajoute l’ombre de la guerre », afin d’examiner « comment l’art et les artistes (…) interagissent avec la réalité ». Et elle nous impose ses fantasmes au lieu du jeu subtil entre opéra baroque et grand opéra mythologique voulu par Strauss. Nous avons droit ( !) au sempiternel hôpital, aux lunettes de soleil, aux pyjamas à rayures… ; même aux porte-jarretelles dépassant du short écossais rose, pour Zerbinette, Laura Claycomb, laquelle a le mérite de chanter son grand air, un des plus redoutables du répertoire, en se débattant, durant dix bonnes minutes, chaque geste calculé à la seconde près, contre les infirmières qui réussissent enfin à lui passer la camisole de force. Des voix aussi somptueuses (Soile Isokoski et Sergey Skorokhodov, mais aussi le Compositeur, Kate Lindsey) qui se fourvoient dans pareille aventure : du gaspillage. (Danielle Porte)

|