 Pour son premier opus solo, le jeune pianiste français Matthieu Idmtal a choisi les Etudes op. 8 et des Préludes op. 11 de Scriabine, ce Chopin « slave et mystique » que dépeignait non sans sarcasmes Antoine Goléa dans son Histoire de la musique. Dès les premières études, on admire la plasticité du jeu, un toucher raffiné et une technique irréprochable. Idmtal a eu raison cependant de s’en tenir aux pièces de jeunesse car il nous brosse le portrait d’un Scriabine de salon, virtuose du clavier, le petit doigt levé, entre la main d’une femme et un verre de rhum. Pas faux, si l’on évoque le versant chopinien du compositeur. Certaines pièces s'accommodent très bien de ce type de lecture romantique, d’autres moins et on souhaiterait percevoir au travers du geste éminemment virtuose voire ostentatoire (il en fait souvent trop) du pianiste, la sensibilité trouble et la flamme, l’autre versant du compositeur visionnaire. Question de maturité. Du beau piano certes mais on attendra un peu pour les sonates. (Jérôme Angouillant) Il est incontestable qu’Alexandre Scriabine (1872- 1915) s’inscrit parmi les compositeurs les moins conventionnels du XXe siècle. Ils sont peu nombreux à avoir connu une évolution aussi remarquable tout au long de leur vie et à développer une identité musicale aussi prononcée. Le contenu de ce CD est dédié à deux cycles pouvant être considérés comme appartenant à sa première période, celle où l’idiome romantique occupait une place encore tout à fait centrale. La trame romantique de ses premières compositions invite certains à appeler Scriabine le «Chopin russe». Scriabine était un fervent admirateur de Frédéric Chopin, il n’y a aucun doute à ce sujet. Aussi, en composant les 12 Études, op. 8 et les 24 Préludes, op. 11, l’exemple prodigué par son prédécesseur devait s’imposer à lui. Mais Scriabine se démarque bel et bien de son prédécesseur, et développe progressivement un style et une atmosphère dans lesquels il ne connaît pas d’équivalent. Scriabine émerge comme un génie affichant une expressivité sans précédent, où le lyrisme et la profondeur occupent des places centrales. It is undeniable that Alexander Scriabin (1872-1915) counts amongst the most unconventional composers of the 20th century. Very few have known such remarkable evolution throughout their lives and have developed such a strongly marked musical identity. This CD’s contents are dedicated to two cycles that may be considered belonging to his first period, when Scriabin had the romantic idiom at heart. The romantic frame of his first compositions led some to call Scriabin the “Russian Chopin”. Without the shadow of a doubt, Scriabin was a fervent admirer of Frédéric Chopin. When composing his 12 Etudes, Op. 8 and his Preludes, Op. 11, the example provided by his precursor imposed himself to him. But Scriabin stood out from his predecessor, and gradually developed a unique style and atmosphere. Scriabin emerges – in these works more obviously than ever – as a prodigy with unprecedented expressivity, putting lyricism and profoundness at the centre of his works.
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