 Féru de musique contemporaine (il a participé à plusieurs créations de Maurizio Kagel), le pianiste français Jean-Claude Henriot s'est tourné depuis quelques années vers le Romantisme allemand. Après deux albums remarqués consacrés à Beethoven, il consacre son dernier disque à Robert Schumann. Il en propose des pages très diverses, depuis les visions hallucinées des "Kreisleriana" au crépuscule de sa dernière œuvre, les "Geister Variationen" (Variations fantômes). Jean-Claude Henriot approche ces pages avec un regard plus classique que romantique. Nul emportement, nulle angoisse métaphysique mais une fièvre contrôlée et toujours une attention portée à la ligne mélodique. Bien qu'inhabituelle, cette interprétation se révèle à bien des moments convaincante (le legato du premier intermezzo de la 2e pièce des "Kreisleriana", la continuité de caractère tout au long de la 6e, ou le ralenti progressif à la fin de la 7e). Les passages les plus apaisés sont les plus éloquents, là l'interprète sait prendre son temps et créer le climat voulu par Schumann (affectueux dans la 2ème"Kreisleriana", simple dans la fin des "Nachstücke" ou dans les Variations). Mais il manque parfois l'emportement flamboyant (début de la première "Kreisleriana", joué sans les reprises) qu'ont su y mettre d'autres artistes (Horowitz). Une vision personnelle et intéressante d'un sage du clavier. (Thomas Herreng)  It is not without reason that the most recent CD of French pianist Jean- Claude Henriot is dedicated entirely to Schumann’s music. The artist considers him to be the first composer who explored the musical areas discovered by Beethoven. Through precise and sensitive interpretation of works by both composers, the pianist devotes himself to the search of a beautiful sound as reflection of speech and its transcension. The pieces presented on the CD vary in terms of style, form and atmosphere. Kreisleriana, Op. 16, composed on the basis of contrasts and written under the influence of meetings with Chopin, refers to the literary output of E.T.A. Hoffmann and constitutes an opposite to both dark, ordered according to a completely different principle Nachtstücke, Op. 23 (While composing, I kept seeing funeral processions, coffins, unhappy, despairing people. While I was composing I was often so overcome that tears came forth...) and Geistervariationen from the last year of composing, which in turn are characterised with simplicity, calm and reflectiveness.

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