 C’est un programme rare qu’a choisi d’enregistrer cette jeune pianiste italienne (1993). À l’exception de la célèbre et redoutable Toccata op. 7, Costanza Principe réunit majoritairement ici des pièces que l’on ne trouve guère que dans les intégrales de l’œuvre pour piano de Schumann : celle trop oubliée de Peter Frankl (vénérables Vox Box LP 5468 Etc.) des années 60, celle de Jörg Demus (Nuova Era LC12281) enregistrée entre 1972 et 76, celles contemporaines d’Éric Le Sage (Alpha813), Francesco Piemontesi, Cedric Pescia et alii (Claves CD 2601/02 Etc.), ou Diana Ciocarlie (La Dolce volta LDV 179.1). Seul Emil Gilels s’était fait une spécialité de l’Allegro op. 8 et des Pièces de l’op. 32. Ce bref panorama de l’existant montre à quel niveau d’exigence doit se hisser l’impétrante d’aujourd’hui, et force est de constater qu’elle en relève courageusement et brillamment les défis. Certes, on pourra trouver chez les interprètes précédents plus de couleurs et d’audaces interprétatives, mais on appréciera chez Costanza Principe un grand sens de la nuance qui confère une indéniable tenue à l’Allegro op. 8, initialement prévu comme premier mouvement d’une Sonate dédiée à Moschelès, en dépit du caractère fragmenté de sa structure. De même, si les Romances op. 28 manquent un peu de profondeur, le Scherzo, la Gigue, la Romanze et la Fughette des pièces op. 32 bénéficient d’une interprétation engagée qui en fait ressortir le caractère tumultueux : autour des années 1840, Schumann accordait sa préférence à la pianiste Amalie Rieffel (1822-1877) pour l’interprétation de ses œuvres, au grand dam, évidemment de Clara ! Enfin les Chants de l’Aube, op. 133, conçus entre 1853 et 1855, achevés lors de l’ultime séjour de Schumann à l’asile d’Endenich, concluent cet enregistrement d’intérêt en le parant des couleurs d’une désolation fugacement éclairée de quelques rayons d’un soleil désormais évanoui. Un disque à retenir. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) An impressive debut CD from a charismatic young pianist with a passion for Schumann. It was at a recital by Enrico Pace, hearing Schumann’s Novellettes, that the 16-year-old Costanza Principe determined she wished to dedicate her energies to the piano. She had been studying the instrument since the age of six and playing in public since the age of seven, but these still underrated pieces of Schumann set her on a path that has since taken her past degrees at conservatoires in Milan and London, and a Wigmore Hall recital debut in 2016. There is a certain inevitability to the presence of Schumann on her debut CD – and not any Schumann, a standard runthrough of Carnaval, Papillons and Arabesques, but much less familiar pieces that test the expressive reflexes of the most dedicated Schumann interpreter. Neglected ever since Schumann composed it during his troublesome stay in Vienna (1838-1839), while away from but passionately attached to Clara, the collection of Scherzo, Gigue, Romanze und Fughette Op.32 was curiously never performed as a set during Schumann’s lifetime. Written in 1839, the Three Romances Op.28 also suffered a troubled birth, as a Christmas present to Clara – the two now engaged – but one which he did not value sufficiently to dedicate to her. Yet under the hands of an interpreter as sympathetic as Costanza Principe, these pieces surge and swell with the composer’s uniquely impassioned and vulnerable voice. She also includes pieces from the opposite ends of Schumann’s career: the tumultuous Allegro Op.8, a Beethovenian flexing of pianistic muscle from the 21-year-old composer; and the poignant collection of Gesänge der Frühe Op.133, composed five months before his attempted suicide and confinement within the asylum at Endenich. ‘Dawn-songs,’ Clara called them, ‘very original as always but hard to understand, their tone is so very strange.’ Inflected by a world-weary melancholy, as it may seem in retrospect, but with decades of writing for the piano distilled into a new simplicity of idiom.
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