Un bien joli titre que celui de « Companions of Art » ! Il associe Clara Schumann et Johannes Brahms, amis et plus encore, on le sait aujourd’hui. Datées de 1853, les Trois Romances de la compositrice font référence explicitement à l’art du chant et du lied. L’influence de Robert Schumann et plus encore de Felix Mendelssohn sont perceptibles dans ces pages fluides dédiées au violoniste Joseph Joachim, qui sera, entre autres, le créateur du Concerto pour violon de Brahms. Les trois pièces sont bien davantage que de la musique de salon. Leur nostalgie et leur charme exalte le sentiment amoureux. Les deux interprètes expriment avec beaucoup de finesse le miroitement des couleurs et des harmonies. Ils sont tout aussi justes et attentifs aux moindres respirations dans les trois sonates pour violon et piano de Brahms. Ce n’est plus seulement le talent, mais le génie qui se révèle dans ces pages centrales du romanisme. Ecriture encore si schumanienne dans la première Sonate et teintée de folklore austro-hongrois. C’est aussi l’esprit de la ballade qui s’impose dans la deuxième Sonate, immense promenade aux couleurs de plus en plus rhapsodiques. Les deux solistes traduisent parfaitement cette évolution de style qui se conclut dans les atmosphères moirées et inquiétantes de la dernière Sonate. Autant de lectures non seulement précises, justes et d’une veine aristocratique. (Jean Dandrésy) Compte tenu de leur relation affective avant et après la disparition de Robert, il tombe largement sous le sens de réunir Clara Schumann et Johannes Brahms dans un même disque, particulièrement lorsqu’il s’agit de musique de chambre. Les Trois Romances pour violon et piano op. 22 de Clara datent de 1853 et affirment un talent de compositrice bien supérieur à celui de son Concerto pour piano et orchestre op. 7 (1833-36). Ces trois courtes pièces, Andante molto en re majeur, Allegretto sol mineur, et Leidenschaftlich schnell (Passionné et rapide) en si majeur, inspirées par les épisodes tourmentés de la vie de Robert, font une introduction idéale aux trois sonates que Brahms écrivit pour piano et violon entre 1879 et 1888. Si Clara compose pour violon et piano, c’est bien pour piano et violon qu’écrit Brahms, marquant ainsi la précellence instrumentale choisie par l’une et par l’autre. De fait, la Sonate op. 78 en Sol majeur, marquée par la douleur de la perte du dernier enfant de Robert et Clara, le poète Walter Alfred Félix Schumann (1854-1879), après un fougueux Vivace ma non troppo initial, laisse au piano le soin de poser les bases de la marche funèbre que chante le violon lorsqu’il le rejoint dans l’Adagio central. Par contraste la Sonate en La majeur op. 100, composé en 1886 sur les rives du lac de Thoune, baigne dans une atmosphère heureuse et légère, laissant entendre des échos des Maîtres chanteurs wagnériens aussi bien que des Lieder op. 105 que Brahms composait à la même époque pour l’alto Hermione Spies. La Sonate en Ré mineur op. 108 de 1888, la plus extravertie, comporte quatre mouvements par opposition aux deux précédentes, et se caractérise par le symptomatique appariement en une seule œuvre de l’esprit de musique de chambre, dans les échanges entre le piano et le violon, et d’une manière toute orchestrale par l’ampleur des développements dont Brahms a le secret. Un Allegro agité et inquiet ouvre l’œuvre sans toutefois devenir tragique. L’Adagio doux-amer du second mouvement est probablement l’acmé expressif de la sonate. Après un laconique troisième mouvement empreint de mélancolie Un poco presto e con sentimento, le Presto agitato final emporte dans une chevauchée en la sombre tonalité de Ré mineur avant de s’achever brusquement sur un éclat de soleil levant en Ré majeur. Les interprétations de Sophia Jaffé, au violon, et Björn Lehmann, au piano, rejoignent aisément les légendaires Suk et Katchen, ou Grumiaux et Sebök. Une très belle réussite. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) Clara Schumann and Johannes Brahms were bound together for four decades by a great artistic friendship. They shared a common interest and exchanged ideas on a personal and artistic level. The violinist Sophia Jaffé and the pianist Björn Lehmann have been duo partners for many years and are now putting all their experience and love for Brahms and Schumann into a new GENUIN CD. The program includes the three violin sonatas by Johannes Brahms and three violin romances by Clara Schumann – conceivably different works in their scope, yet related in their view of the world and art: romantic treasures, recorded with dedication!
|