Franz Schubert (1797-1828)
Le voyage d'hiver (Winterreise), D. 911

Stephan Genz, baryton
Michel Dalberto, piano

Un voyage d’hiver… au pas de course, malgré la neige : le jeu rapide, motorique par moment, de Dalberto surprend (Schubert précurseur de Prokofiev ?), la rigueur métronomique aussi. Erstarrung gagne à ce traitement un effet de franche panique plutôt original, mais la réussite s’arrête là. Un peu plus de souplesse et de rubato auraient été bienvenus dans la berceuse du Lindenbaum ou dans Frühlingstraum, pour ne citer que quelques exemples. Cette furia ne cessera que face au Leiermann. Pour ne rien arranger, la sonorité émaciée et clinquante du piano fait penser à un mauvais Yamaha. Le livret nous apprend qu’il s’agit d’un Bösendorfer, un comble ! Corseté par cet accompagnement raide et brutal, Stephan Genz délivre une interprétation propre mais superficielle. La technique est solide, autorisant au baryton allemand une projection franche et une vraie mezza-voce, même si la tessiture du Voyageur le trouve un peu court de graves. La diction manque parfois de netteté, mais c’est surtout son timbre, passe-partout et pauvre en couleurs, qui contraint le chanteur à chercher l’expressivité dans la nuance forte, la répétition du procédé tout au long du cycle induisant une certaine lassitude. Une proposition originale, à réserver à celles et ceux qui connaissent déjà bien leur Voyage. (Olivier Gutierrez)