Pierro
Un clown derrière le masque de la musique

Arnold SCHOENBERG
Dreimal sieben Gedichte aus Albert Girauds "Pierrot Lunaire", op. 21

Otto VRIESLANDER
Aus Pierrot Lunaire, 46 Dichtungen von Albert Giraud (Extraits n° 46, 14, 38, 2, 8)

Max KOWALSKI
Aus op. 4, Zwölf Gedichte aus "Pierrot Lunaire" von Albert Giraud (Extraits n° 3, 7, 6, 10, 11)

Eduard KÜNNEKE
Lieder des Pierrot, op. 3, n° 1 à 5

Edith Urbanczyk (mezzo-soprano)
Dunja Robotti (piano)
Lothar Odinius (ténor)
Ursula Behrens (soprano)
Ensemble>das neue werkDieter Cichewiecz

Dernier avatar de cette Commedia dell’Arte qui innerva l’art dramatique et lyrique européen jusqu’au XXème siècle, "Pierrot Lunaire" est en premier lieu un recueil de poèmes du belge Albert Girauds, dont la traduction allemande rencontra un grand succès, au point d’être choisie par Schoenberg pour honorer une commande de l’actrice berlinoise Albertine Zehme. Le compositeur sélectionna vingt et un poèmes qu’il mit en musique pour ensemble orchestral et récitant, répartis en trois groupes de sept, épousant les humeurs de Pierrot de la mélancolie à la joie. Chez Schoenberg, les couleurs comptent plus que les notes, et cela l’ensemble hambourgeois Das Neue Werk l’a bien compris. Edith Urbanzcyk use de sa voix comme d’un instrument de l’ensemble et mêle ses couleurs à celles des instrumentistes en un somptueux camaieu. En complément de programme, trois autres compositeurs, exactement contemporains de Schoenberg, qui mirent en musique les poèmes de Girauds dans la plus habituelle configuration piano et chant : Otto Vrieslander, qui s’inscrit dans la lignée de Hugo Wolf, Max Kovalski, juriste qui composa essentiellement des mélodies et finit sa carrière professeur de chant à Londres, et enfin Eduard Künneke, le plus célébré des compositeurs d’opérette berlinoise. Travail irréprochable des interprètes dont on regrette de ne pouvoir détailler les réussites dans le format de cet article. Un album intelligent et original, et un réel apport à la discographie. (Olivier Gutierrez)

Ce disque propose une sorte de fantaisie autour de Pierrot, personnage issu de la Commedia dell’Arte qui influença naturellement un nombre incalculable de musiciens. Nous avons gardé en tête bien évidemment Schumann dans son Carnaval, mais il y a surtout le génial Schönberg qui en 1912 avec le Pierrot Lunaire op. 21 imposa un nouveau langage dont ne se remettront pas nombre de ses contemporains et successeurs. Ce disque est passionnant dans la mesure où il nous fait entendre aussi d’autres auteurs en prise avec le personnage de Pierrot. Huit ans avant Schœnberg il y avait Vrieslander. La même année, des maîtres comme Kowalski ou Künnecke. Et ces trois là restent dans une tradition bien postromatique avec des harmonies parfois lugubres, annonciatrices d'un cataclysme... (Pierre-Yves Lascar)

Ce disque qui sonde le personnage de Pierrot avec évidement le Pierrot Lunaire op. 21 de Schoenberg est une aubaine pour découvrir des mélodies de compositeurs oubliés du début du XXème siècle. Malgré les apparences, ce disque est loin d’être clownesque…