 La réunion de ces deux partitions emblématiques du romantisme « achevé » est des plus logiques. Composée en 1899 pour sextuor à cordes, "La Nuit Transfigurée" a été arrangée pour ensemble de cordes par Schoenberg, en 1943. Les "Métamorphoses" (Etude pour 23 cordes solistes) de Strauss ont été achevées en avril 1945. Strauss les composa après avoir découvert les ruines de l’Opéra de Munich, rasé par un bombardement anglo-américain, le 2 octobre 1943. Devant celles-ci, Strauss fait le deuil d’une partie de son passé. L’œuvre exprime un sentiment de désespoir alors que la "Nuit transfigurée" exalte, tout au contraire, l’espérance. En effet, le poème de Richard Dehmel qui fut à l’origine de la composition du sextuor évoque une histoire magnifique : lors d’une promenade nocturne, une femme avoue à son amant qu’elle attend un enfant d’un autre homme. L’amant dissipe ses remords en lui affirmant que l’enfant ne sera pas un fardeau. Le chromatisme des deux partitions est poussé à son extrême, libérant des tensions accumulées. On se souvient, ici, des versions de référence de Karajan pour Schoenberg et de Furtwängler pour Strauss. Il faut une énergie, une foi peu commune pour maintenir l’unité, les immenses phrasés de ces deux œuvres bâties sur une architecture sans cesse mobile. Si l’énergie ne manque pas à la formation polonaise, il y a parfois des problèmes de clarté et de mise en place un peu confuse. L’enthousiasme ne peut suffire surtout lorsque la discographie de telles œuvres est aussi gigantesque. (Jean Dandrésy) The album features recordings of two unquestioned string chamber orchestra masterpieces. Although the compositions are almost half a century apart, they are kept in a similar style; presented together, they perfectly complement each other. Verklärte Nacht is a work written by twenty-five-year-old Arnold Schönberg almost twenty years before the beginning of atonality, with which the composer is mainly associated. Metamorphoses are a special piece in the context of Richard Strauss’ entire oeuvre, the only one in which the German master of late-Romantic symphony reached for a string orchestra. The musicians of the String Chamber Orchestra of the Academy of Music in Poznan, together with the artistic director and concertmaster Marcin Suszycki and conductor Jakub Chrenowicz, offer a subtle interpretation yet characterized by a saturated and expressive sound – both in the tutti parts and in the numerous episodes performed by the solo instruments.
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