 Christyna Kaczynski-Kozel, qui présente ici un bref enregistrement (44 :17) de dix sonates choisies de Scarlatti, se réfère à son mentor Sergiu Celibidache (1912-1996) et professe un attachement profond à la phénoménologie musicale. Nous lui en laisserons volontiers la responsabilité, qui s’affirme dans des choix musicaux et pianistiques conformes aux pratiques d’analyse et manières de Celibidache. Nul doute qu’à l’occasion de ses venues en France (Mailly le Château, 2014) elle ne fasse le pèlerinage de La Neuville sur Essonne, se remémorant les paroles du maître qui lui offrit dans les années 80 l’édition complète des 555 Sonates de Scarlatti, publiées par Ricordi, en ajoutant : « Si j’étais pianiste, je ne jouerais que Scarlatti ! » Et Christyna Kaczynski-Kozel de rappeler la fascination qu’exercèrent sur elle ces exercices et sonates. Dans le livret du disque, elle rappelle également la diversité des approches de ces œuvres qu’offrirent Arturo Benedetti-Michelangeli, Clara Haskil, Walter Gieseking, et qu’offrent encore Ivo Pogorelich, Murray Perahia : on pourrait ajouter Anne Queffelec, Mikhail Pletnev, Yevgeny Sudbin, Christian Zacharias et bien sûr la regrettée Maria Tipo, tout juste disparue (10.02.2025). Mais qu’en est-il à l’audition ? Dix sonates, c’est bien peu par rapport à d’autres enregistrements qui en proposent allègrement plus de quinze. Et puis la modération des tempi alors même que les œuvres requièrent bondissement, élasticité, une certaine pesanteur à jouer les notes redoublées, voilà qui intrigue. On perçoit sans peine l’intention esthétique, mais il faut avouer qu’à trop s’inspirer des lenteurs du maître, Christyna Kaczynski-Kozel propose certes de jolis bibelots sonores mais dépourvus de la diversité des humeurs qui font le charme des sonates de Scarlatti, entre alacrité dansante et mélancolie introspective. Privés en somme de cette vie que l’Italien Sevillan puis Madrilène notait si brillamment sur les cinq lignes de ses portées. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  Domenico Scarlatti, one of the most fascinating composers of the Baroque era, was born in Naples on October 26, 1685 – the same year as J.S. Bach and G.F. Handel. He was the sixth of ten children of the famous opera composer Alessandro Scarlatti. Domenico, who showed exceptional talent at an early age, began his musical journey under the guidance of his father. He became one of the most influential composers and harpsichordists of his time. Canadian-born pianist Christyna Kaczynski-Kozel presents ten of Scarlatti’s highly innovative, virtuoso and technically demanding sonatas on this album. Sometimes they are characterized by a lively and upbeat character, sometimes by a melancholy mood, sometimes they are profoundly introverted or they convey a serious lyricism and melody. Many sonatas also contain folkloristic elements such as castanets or drums, guitars and hunting horn scenes. The technical difficulties are considerable: rapid key changes, arpeggios, repeated notes, trills, plus large leaps spanning several octaves and hand-crossing.

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