Né en Israël de parents palestiniens, Samir Odeh-Tamimi fait le lien, dans ses compositions, entre l’avant-garde musicale occidentale - qu’il a rejointe en s’installant en Allemagne à l’âge de 22 ans - et sa pratique de la performance musicale arabe - qu’il exerçait jusqu’alors au sein d’un ensemble jouant de la musique traditionnelle sur des instruments contemporains. Il mêle fréquemment instruments de l’orchestre et percussions traditionnelles, cherche avec la curiosité de l’enfant, apprend avec la persévérance de la fourmi et cisèle ses notes avec la patience de l’artisan. D’Alif, la plus longue pièce du disque, saisissante et qui mobilise tout le Zafraan Ensemble, sourd une inquiétude de l’étrange, des affres insolites auxquelles participe le chant de Salome Kammer et une écriture adroitement tortueuse - voûtée, bossue -, un dialogue de malentendants à la surdité ciblée qui privilégie le registre des graves, où les percussions provoquent les cordes, où trombone et saxophones font de leur vent une raison d’être. Odeh-Tamimi travaille par couches. Ecoutez celle des percussions dans Li-Umm-Kámel : comme elle sous-tend celles du piano puis de la flûte, comme elle approfondit l’écoute et la transforme en la perception d’un volume sonore, d’une entité en trois dimensions - même Solo Für Violine, avec sa seule instrumentiste (Emmanuelle Bernard), semble fonder cette impression. Odeh-Tamimi développe son propre langage musical : il travaille le son comme on remonte à sa source, il sonde la culture comme on remonte à son origine. (Bernard Vincken) Claudia Pérez Iñesta writes about Samir Odeh-Tamimi: “Deeply inspired by the works as well as the personalities of Pablo Picasso, Alberto Giacometti, Antoni Tapiès, Samir Al-Hallaj, Gilles Deleuze, Giacinto Scelsi, Iannis Yeankis … Samir Odeh-Tamimi is an anti-intellectual intel-lectual, whose research path is character-ised by an infinite curiosity joint with the patience of a craftsman. In his work the flexibility of an undetermined path goes hand in hand with stubborn insistence; In his pieces there is always a presence be-hind the notes, behind the words. It might be an exclamation, amazement … This inherited wake-up call runs through all of his work, and even holds on after the end-ings …”
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