 Compositeur autodidacte (à l’exception de quelques cours privés), Salvatore Sciarrino (1947-) crée une musique singulière, qui, par sa liberté poétique, met littéralement au défi notre façon d’écouter et oblige à une prise de conscience globale du monde sonore et des émotions qui en émergent. Il écrit Musiche per il "Paradiso" di Dante, musique de scène pour instruments solistes et orchestre, en 1993, dont la pièce centrale (L’invenzione della trasparenza) est une grande fresque sonore (de plus d’une heure) sur le concept de la transparence, rendue en termes musicaux par un vide déconcertant qui semble contenir la matière sonore, elle-même articulée de façon à renforcer le propos et où le passage d’un ciel à l’autre (le ciel de la Lune, de Mercure, de Venus, du Soleil, de Mars…) se marque par l’irruption de nouveaux sons (des sonorités météoritiques, une mélodie qui transperce, une série de réfractions descendantes, des flux et reflux…), alors qu’un large écho évoque la distance. Courts en comparaison, Alfabeto Oscuro, qui précède, tente de faire parler l’orchestre au travers de vingt parties qui se succèdent dans l’ordre alphabétique (de A à W) et Postille clôt l’œuvre dans des jeux qui flirtent avec l’ésotérisme sonore. (Bernard Vincken)  With this album, the ninth dedicated by KAIROS to Salvatore Sciarrino and thus honoring his 75th birthday in 2022, the Orchestra del Padova e del Veneto under Marco Angius presents the great orchestral cycle "Musiche per il Paradiso di Dante" from 1993. With the three soloists Garth Knox, Andrea Biagini and Lorenzo Gentili-Tedeschi, the orchestra is assisted by three proven specialists in Sciarrino's music, inviting the listener on a journey into the incomparable sonic diversity of the world of the Italian grand seigneur. "The orchestra seems to want to speak," writes Sciarrino. "The nature of the instruments would not allow it, and yet they recite as if possessed, and we listen, almost without understanding. Almost. The end of every journey presupposes and brings to mind the beginning. Alighieri's whole paradise explains, to express itself, the inability to express itself."
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