L'éclectisme musical, le pastiche, le retour aux sources et à l'expressivité perdue du passé, voici autant d'éléments que l'on trouvera dans les œuvres des 2 compositeurs présents sur ce disque.  Après avoir côtoyé le sérialisme, avec Contra mortem tempus, écrit après la mort de son fils, George Rochberg est irrévocablement revenu non seulement à la tonalité mais aussi à tout l'univers émotionnel qui lui est associé. Le style qu'il a développé par la suite, basé sur le pastiche avec des références explicites à Haydn, Mahler, Bartok…, a été conçu pour fonctionner non pas comme une parodie, mais comme un retour à l'expressivité perdue du passé. Ecrit suite à une commande du New York Philharmonic, le concerto pour hautbois a été créé en 1984 par les mêmes protagonistes présents sur ce disque, le hautboïste Joseph Robinson et le chef Zubin Mehta. Avec une écriture délibérément non-virtuose, l'ouvre met à profit la beauté du son de l'interprète ainsi que sa musicalité. / Jacob Druckman est un autre compositeur pour qui l'éclectisme vient aussi tout naturellement. Prisme, une commande du Baltimore Symphony, est créé autour d'un mythe qui a longuement hanté l'imagination du compositeur, celui de Médée. L'œuvre, constituée de trois mouvements, est en effet développée sur les thèmes de trois opéras du passé : Médée de Charpentier (1694), Il Giasone de Cavalli (1648) et Médée de Cherubini (1797). Le clavecin amplifié et la section des percussions créent aux côtés de l'orchestre, et dans l'ambiance planante et surréaliste qui relie le passé du présent, un effet psychologique spectaculaire.

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