Nikolai Rimski-Korsakov (1844-1908)
La légende de la ville invisible de Kitège et de la demoiselle Fevronia, opéra en quatre actes

Svetlana Ignatovich
John Daszak
Vladimir Vaneev
Maxim Aksenov
Ante Jerkunica
Vladimir Ognovenko
Alexey Markov
Mayram Sokolova
Chœur de l'Opéra des Pays-Bas
Orchestre Philharmonique des Pays-Bas
Marc Albrecht, direction
Dimitri Tcherniakov, mise en scène

L'insupportable manie qu'ont les metteurs en scène de transposer les opéras historiques ou fantastiques en des temps modernes, défigure et dénature l'ouvrage symboliste et irréel de Rimsky-Korsakov, lui enlevant magie et transcendance. Le prince Vsévolod en pull de ski, finie la distanciation indispensable aux thèmes surnaturels ! Même Grichka, traître-ivrogne, figure quasi satanique, ne "passe" pas, s'il revêt blouson de cuir et cravate, en baffrant comme un malpropre. L'assaut des Tartares, rafales de kalachnikov, bastonnades, tatouages et cigarettes, tient plus du film d'horreur que de l'opéra. La résurrection et l'Au-delà salvateur, les "colonnes de feu flamboyantes" et les "carillons miraculeux" s'expriment mal avec une table de bois blanc, les embrassades de binoclards en complet-veston, les anoraks, cagoules et parapluies. La disparition et la réapparition de la mystérieuse cité se réduisent, au final, à un pique-nique sur une plage où la vierge Fevronia agonise dans l'écume près d'un simple baquet d'eau... Bien loin, le Parsifal russe ! Restent, évidemment, la musique et les voix, égales à celles qu'exige tout opéra russe ; et aussi les chaudes lumières et les moissons blondes du prologue, qui font croire à une suite... magique. Mais la suite... vous fait rester sur terre. Dommage. (Danielle Porte)

Rimsky-Korsakov’s opera is a fanciful fairytale, yet at the same time a parable on repression and political conceit. The peasant girl Fevroniya’s prayer that the city of Kitezh becomes invisible, thus protecting it from Tatar attack, is magically heeded. The girl herself, however, is captured by the invaders. The leitmotifs and highly expressive musical tone-painting tell the story, based on a pantheist world view, almost on their own. Grand crowd scenes contrast with a internal treatment similar to the music dramas of Richard Wagner. Marc Albrecht conducts the Netherlands Philharmonic Orchestra and the dramatic staging comes from the renowned Russian director, Dimitri Tcherniakov.