Richards The Bells Themselves - NW80673 - Contemporain - par New World

"Faut-il noter ce que l’on souhaite que l’instrumentiste ou le chanteur interprète ou ce qu’on souhaite que le public entende ?" est une des interrogations contradictoires que le compositeur américain Eric Richards (1935-2019) place au cœur de son écriture – lui qui, le plus souvent, laisse à l’instrument (ou, plus largement, à la source sonore) le "choix" de la sonorité, de l’accord, de la structure – et de la notation – de la pièce (sur ce disque, c’est le cas en particulier de "My Great-aunt Julia"). Bâtissant une esthétique personnelle – et très américaine –, Richards a aussi une façon bien à lui (certes, d’autres l’ont fait, à plus petite échelle, comme Steve Reich pour "New York Counterpoint" ou Pierre Boulez pour "Dialogue de l’Ombre Double") d’écrire pour des effectifs plus importants, en superposant (en studio) un ensemble d’instruments identiques, comme "Conch Music" pour 11 hautbois ou le finement ciselé "Chicken Pull" pour 72 clarinettes et 4 siffleurs. Même si "The Bells Themselves: Jonathan Edwards and the American Songbook" est écrit pour trois pianos, finalbells met à l’ouvrage 16 cloches à bétail chromatiques – par lesquelles le compositeur façonne un monde à la fois réel (nos souvenirs des alpages suisses), mystérieux et magique. (Bernard Vincken)