Rhapsody in Swing Ellington Gershwin Nestico Marshall - Han93282 - Hänssler Classic

Avec du swing, on mettrait New-York dans une bouteille de whisky frelaté de la prohibition. Or, on a tant souffert pour tous ces guindés de conservatoire en habit classieux si définitivement incapables de swinguer (et pourtant Bach, hein, cher Gulda ?), et laissé d'autres s'extasier devant la moindre cadence classique de deux minutes péniblement improvisée en imitation viennoise. Heureusement, voici l'excellent Wayne Marshall, pianiste noir (pas américain, britannique) si imprégné du groove jazzistique, et dont nous connaissions déjà (notamment) une Rhapsody in blue de studio. En plus, ce concert est enregistré vivant (il bouge encore) et avec un orchestre (allemand) qui s'impose car justement de jazz (et quel formidable clarinettiste !). On est proche du jazz band d'un James Levine, ou d'Earl Wild avec les Boston Pops. A faire frétiller votre belle-mère à la Joséphine Baker dans le petit matin clairet du Bronx. Tout cela complété parfaitement par l'emblématique suite Harlem de Duke Ellington (et là, du trompettiste au basson, quels souffleurs !). On est à ce paradis où Dieu est nègre, comme chantait Ferré. Musique ''frénétique et syncopée'', comme écrivait aussi, pâle d'effroi, ce vieil avaleur critique de parapluies Emile Vuillermoz (il avait compris : guère swing...). Seule réticence, première plage de ce CD, ce pot pourri ''swingphonique'' à violonnades – malgré tout le talent du célèbre arrangeur Sammy Nestico - nous a si peu séduit que nous l'avons abandonné. (Gilles-Daniel Percet)