Reger Musique de chambre pour clarinette et piano Barszcz Rot - DUX2168 - DUX - Classique

L’intérêt que Max Reger portait à Brahms est bien documenté. Et l’on sait toute l’affection que Brahms portait dans son grand âge à la clarinette, que celle-ci soit associée à un violon et violoncelle (opus 114), un quatuor à cordes (opus 115) ou au piano (opus 120). Il n’est donc pas étonnant que Reger, à côté de son Quintette opus 146 ait lui aussi consacré trois grande sonates à cet instrument dont les sonorités boisées sont aptes à capturer une large gamme d’humeurs variées. Deux de ces sonates, composées d’un jet en 1900 et créées en 1902 à Munich, sont proposées ici. Toutes deux sont en quatre mouvements, le mouvement lent succédant par esprit de contraste à un second mouvement Vivace ou Vivacissimo, juste avant d’impétueux finales. La première est en La bémol majeur, la seconde en Fa dièse mineur, avec des tonalités qui renseignent immédiatement sur les climats dans lesquels baignent ces deux œuvres chronologiquement rapprochées : tandis que la première rutile et fanfaronne en quelque sorte avec une clarinette audacieuse mettant le piano accompagnateur au défi, la seconde est empreinte de mélancolie et évoque de sombres états d’âme dans une sorte de rapprochement confident des deux instruments. Nul doute que cet appariement ne retrace subliminalement la psychologie complexe et les habitus de vie de Reger lui-même… Le succès qu’a notamment connu la première sonate incita Reger à composer les trois autres petites pièces, plus légères, qui complètent le disque. On y retrouve, de manière surprenante au regard d’une esthétique essentiellement saxonne, les influences de l’Italie dans la Tarentelle en Sol mineur et de la Norvège de Grieg dans la Romance populaire en Sol majeur. Les interprètes excellent dans ce répertoire et rappellent que Reger est naturellement un compositeur majeur de la transition du XIXe au XXe siècle. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)