Reflections Œuvres pour violoncelle et piano de Rachmaninov Ustvolskaya et Pärt Inbal-Bogensberger

Couplage logique que ces trois pièces qui traversent un siècle de musique appartenant à la culture russe. La prise de son un peu distante sur le piano dans la sonate de Rachmaninov accentue la dimension concertante du violoncelle, ce qui n’était peut-être pas la volonté première du compositeur dont l’œuvre s’inscrit dans la lignée des sonates de Chopin et Mendelssohn. Il y manque aussi une tension plus schumanienne dans le piétinement du rythme, mais aussi les couleurs tragiques et héroïques de l’Allegro scherzando. Cette version en retrait contraste avec le Grand Duo de la compositrice Galina Ustvolskaya, pièce datée de 1959. La violence expressive de sa musique, portée par un sens religieux exacerbé est étonnante. C’est à la fois le mélange de la rudesse presque "primitive" et d’un lyrisme passionné qui surprennent. Les tensions, l’ironie, le sens de l’espace, les jeux rythmiques déroutent et séduisent parce que l’écriture demeure profondément originale. Très finement ciselée, l’interprétation de Kathrin Inbal-Bogensberger et Tatiana Liakh préserve sans grossissement l’originalité d’une œuvre chargée de douleur. "Spiegel im Spiegel" de l’estonien Arvo Pärt a bénéficié de nombreuses versions. Le caractère hypnotique de la ligne mélodique du violon et la respiration du violoncelle sont justes. Peut-être qu’une présence accrue de la captation aurait bénéficié à la beauté intemporelle de cette musique. (Jean Dandrésy)