 Chaque écoute de « l’Arte del Violino » laisse pantois. Sensible à la chronologie, on notera que Paganini est né 18 ans à peine après la mort de Locatelli qui fut l’élève de… Corelli. Sensible à la technique instrumentale, on sera sidéré que les invraisemblables cadences-caprices des concertos du second précèdent de 90 ans les 24 caprices du premier. Oreille affûtée, on reconnaîtra une citation du caprice n.7 (quatrième concerto) de Locatelli dans le premier de Paganini, mais aussi des traits dignes de Liszt ou Rachmaninov dans les numéros 16 et 19. Musique incroyable pour l’époque ! A l’orchestre c’est peu de chose au premier abord, ni Vivaldi ni Corelli, mais tendons l’oreille : l’inventivité des détails, les divagations harmoniques, les changements de climat préfigurent les temps classiques. Le dialogue du violon avec le tutti (dans le 7ème concerto), les Adagio et Largo rêveurs et comme suspendus (5ème, 6ème,10ème et 11ème), sont des moments magnifiques. Quant au violon, c’est peu dire qu’il horripile au sens étymologique par les difficultés techniques dantesques aux deux mains, le « bariolage » incessant, le chromatisme provocateur, les positions extrêmes et les couleurs qu’elles génèrent. Peu de violonistes tentent l’aventure, et Conti avait étalé sur 10 ans l’enregistrement de cette intégrale terminée il y a bientôt 30 ans. Sa furia ébouriffée lui fait souvent frôler le précipice et y tomber parfois, mais la musique y gagne une sève et une folie salutaires, déclassant la concurrence plus policée… Hélas le montage bâclé du 2ème disque, indigne de l’éditeur, abîme sensiblement les concertos 5 à 7. Au final, 3h30 de musique (à consommer par petites doses) que j’ai adoré détester ! (Olivier Eterradossi) Pietro Antonio Locatelli’s arrival on the musical scene of the first half of the eighteenth century was like a bolt from the blue. He wrote and performed things which had never been heard before on a violin; he was able to play in such acute regions “that a canary lost its balance and fell off its perch” according to an anecdote of the times. His contemporaries had nicknamed him “Earthquake”, and he possessed great performing power and charisma. Reliable sources inform us that he used to wear a heavy, dark blue housecoat with a sword at his side for his performances, and that his concerts lasted three hours with no interval. His ability as a composer enabled him, moreover, to give a polished form to virtuosity, as yet uncommon; he gave it organisation and published it under the name of “Capricci” (is the first example of a sample range of bold dexterities for solo violin, and it was not until a hundred years later that Paganini produced his 24 Capricci, and still longer for Chopin’s 24 Etudes and 24 Preludes). This is not all. Locatelli’ 24 Capricci are also the cadences of 12 concertos for violin and strings, quite dissimilar, given that they were written over a long period of time; all together they take the name of “The Art of the Violin” ( another title which appears for the first time in the history of music, but certanly not for the last.).The entire opera III is delivered within this triple CD by the talent of Diego Conti, leading the Archi di Firenze ensemble and playing a precious violin of the Bolognese school.
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