À une quinzaine de kilomètres de Vienne se dresse l'abbaye de Klosterneuburg, qui abrite un orgue presque quadri-centenaire. Malgré les ravages de la vermine et des bombardements sur la mécanique, il a survécu aux siècles et depuis sa restauration 1990 s'affirme comme un fleuron de la facture baroque. Sa discographie, son usage liturgique pour les solennités, et de nombreux concerts lui garantissent une audience internationale. Titulaire de cette prestigieuse tribune, Johannes Zeinler nous propose ici un programme essentiellement austro-allemand, qui nous mène d'un "Salve Regina" de la Renaissance jusqu'à un melliflu Andante de Mozart. Rien de Johann Pachelbel, qui aurait judicieusement complété ce répertoire, mais une poétique pièce contemporaine (2015) de P.D. Peretti, qui fut un professeur du jeune interprète autrichien. S’en tenir aux principaux sans mixture du Hauptwerk, sans recours au Rückpositiv, homogénéise certes la logique structurelle de la Passacaglia de Kerll mais en ternit l'éclat, épaissit le phrasé, et limite la perspective de cette passacaille dont Gustav Leonhardt avait enregistré une électrisante lecture en la Prämonstratenserstift de Schlägl (Sony, 1995). Par ailleurs, émouvante méditation alla levatione de Froberger, galantes arabesques sur les flûtes du K.616, rhétorique en écho du Magnificat de Scheidemann, majesté du plenum avec anche (Toccata septima de Muffat, Fugue BWV 733) : les ressources de l’instrument sont pertinemment mobilisées. Le livret du CD mentionne les registrations, et peut s’enorgueillir de rares et superbes photos de la console. (Christophe Steyne) Festival organ, grand organ, monumental organ – when it comes to talk in Klosterneuburg about Johann Freundt’s masterpiece from 1642, people almost exclusively use these superlatives. As the musical jewel of the Augustinian Canons’ monastery Klosterneuburg, it radiates far beyond the borders of Austria and is an important tourist attraction for organ enthusiasts in Central Europe. If intending to portray such a magnificent instrument as the festival organ in the context of a CD, one soon has to deal with the phenomenon of being “spoilt for choice”. If you look at the European repertoire for organ from around 1642, you quickly realize that much of it can be performed very well on Johann Freundt’s Great Organ. Even if you look a few decades or centuries further back, you will still discover pieces in the organ literature that harmonize wonderfully with the festival organ. This portrait CD is intended to give a small insight into the great variety and possibilities of the organ and also demonstrate its modernity. After all, it is up to us whether an instrument is considered modern or not. In the opinion of the author of these lines, this organ can be played much more authentically than many a new organ, on which, in today’s opinion, “anything can be played”. (Johannes Zeinler)
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