 Le pianiste Javier Laso propose ici quatre pièces comme quatre nouveaux mondes, quittant, chacune à sa façon un territoire emprunt de romantisme dont ils tournent délicatement la page. D’abord ces « variations sur un thème de Chopin », du grand compositeur catalan Federico Mompou, au nombre de treize, petites pépites pianistiques, concentrées et furtives, jaillissent pleines de couleurs, de parfums et d‘impressions de paysages inexplorés. La sonate opus 1 d’Alban Berg qui s‘enchaîne naturellement, tellement pleine d’impression et de couleurs elle aussi, nous tient un petit quart d‘heure durant au bord du précipice, marchant avec précaution sur un langage au bord de l’effondrement. La « Fantasia Baetica » de Manuel De Falla passe un cap elle aussi, rythmique, scabreuse, brûlante, piquante et solaire, avec des accents de flamenco sans détournement aseptisé, dans sa pure acerbe séduction. La sonate pour piano de Bartok Sz 80 synthétise en quelque sorte son travail pour le piano, virtuose, vif, percussif, aux timbres singuliers portés par des assemblages harmoniques audacieux mais tout aussi sinueux, lunaire et désolé comme dans le second mouvement. Javier Laso cartographie ces nouveaux mondes avec aisance et inventivité ainsi qu’avec des timbres justes, à l’image du troisième mouvement de la sonate de Bartok qui s’emballe comme une ultime danse embrasée, embrassant l’espoir d’un monde nouveau. (Jérôme Leclair)  A marvelous voyage through four apparently unrelated worlds, each of them cultivated a new musical landscape in a new century: from Lisztian-Wagnerian Berg’s Sonata op. 1 to Mompou’s Variations on a Theme of Chopin, going through folk-inspired Falla’s Fantasía Baetica and Bartók’s Sonata, Javier Laso gives spellbinding performances that sound fresh, as if heard for the first time.
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