« Je conçois toute musique en terme de musique vocale. Quelles que soient les forces pour lesquelles je compose - tuba, tambourin, carillon - au fond de moi c’est toujours le chanteur qui essaye de s’exprimer. » La musique de Ned Rorem, qu’on a parfois surnommé le Schubert américain, se caractérise par l’influence française, dont il s’imprègne au cours de ses longs séjours parisiens des années 1950, se liant d’amitié avec Poulenc, Milhaud, Auric ou Cocteau. Mélodiste affirmé, il compose plus de vingt-cinq cycles, parmi lesquels ceux présentés sur ce disque Orfeo, dont Last Poems Of Wallace Stevens (pour violoncelle) ou Ariel (pour clarinette), typiques de son style franco-américain, fondé sur les principes traditionnels de la métrique, de la structure mélodique et de l’harmonie. Schubert, quand il écrit un lieder, transforme le texte en un poème musical autonome ; Rorem, lui, va un pas plus loin : sa chanson est une réincarnation du poème, d’abord détruit pour renaître ensuite en musique. Ode et Jack L’Eventreur, deux pièces de 1953, répondent, elles, à une esthétique néoclassique, plus marquée par l’ouverture et la familiarité américaine que par la distance émotionnelle française. (Bernard Vincken)
|