 Sait-on que le répertoire pour hautbois et piano est quasiment inexistant tout au long du 19ème siècle, seul Schumann en Allemagne y faisant une incursion avec ses trois romances op. 94. Ce n’est qu’à partir de 1879, année de création en France par Taffanel (fondateur de l’école française de flûte) de la Société de musique de chambre pour instruments à vent que l’intérêt pour ces derniers en tant que solistes associés le plus souvent au piano va naître. S'ensuivra une floraison de sonates et sonatines - notamment pour hautbois et piano - d’un niveau musical élevé dépassant largement celui de la musique de salon et des morceaux de concours ayant eu cours par ailleurs. Les compositeurs français surtout vont y exceller : de la sonate de Koechlin (1915) aux Neumes de Ohana (1967) en passant par Saint Saëns, Poulenc, Milhaud, Mihalovici, Dutilleux mais aussi Hindemith en Allemagne, Howells ou Rubra en Grande Bretagne. Dans l'Italie du 19ème siècle, l'engouement presque exclusif pour le théâtre musical suscite moult « variations » et autres fantaisies sur des airs d'opéras constituant l'essentiel de la musique instrumentale. Axées autant sur la clarinette que sur le hautbois, les auteurs en étaient souvent peu connus (Cavallini, Panizza, Spadina pour la première, Sinigaglia, Gariboldi et Zanella pour le second) mais pas toujours (Donizetti, Rossini et surtout Ponchielli). Il n'y a dans le présent enregistrement ni abus de compositions d'inspiration opératique ni accumulation de morceaux de haute virtuosité comme ceux de Pasculi (1842-1924) - le « Paganini du hautbois » - d'ailleurs étrangement absent du programme. Mais des oeuvres modestes par leur durée, si ce n’est pas leur consistance - à quelques exceptions près (andante et scherzo de Zanella, suite de Longo …) mais agréables à écouter. Un programme sans prétention, qui ne révolutionne pas - loin s’en faut - le répertoire pour hautbois et piano, ni d’ailleurs la discographie (Ah ! les vinyles de René Daraux et Françoise Bonnet chez Calliope ou de Maurice Bourgue et Colette Kling chez Harmonia Mundi…). Bien soutenu par son complice pianiste, Luciano Franco joue ces jolies mélodies avec délicatesse, un son bien tenu, des sauts d’intervalles vers le registre aigu où il atterrit avec délicatesse et précision, des incursions dans le grave marquées toutefois par une certaine rusticité. Italien, en un mot, il chante … à l’italienne ! (Pascal bouret)  The oboe and the piano take us through a chamber music journey from the second half of the nineteenth century to the present time. From Gaetano Donizetti to Nino Rota, this album gives us a vision of the restoration of the instrumental music that, from the mid-nineteenth century (Movimento Ceciliano, Bossi, Sgambati, Martucci, Sinigaglia, Zanella, etc...) continues through to the Generazione dell’Ottanta (Respighi, Malipiero, Casella, Pizzetti, Alfano, etc...), arriving to our days, claiming the independence of the instrumental chamber and symphonic music against the rampant theatrical styles of the late eighteenth century. The refined interpretations by Luciano Franca and Filippo Pantieri are taking to us exquisite compositions (including some of which Premier recordings) alternating moments of virtuosity to others of great musical expressiveness.
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