 Fondée au début du XIIe siècle, l’abbaye de Walkenried fut une des plus anciennes de l’Ordre cistercien en Allemagne. Parmi les ruines, la salle capitulaire abrite dans une alcôve une console d’une trentaine de jeux, construite en 2017, qui sert au culte luthérien. Intitulé (fallacieusement ?) « Reflets de la vie monastique » et structuré selon les Heures Canoniales, le disque capté en pareil lieu accréditerait un projet étroitement fonctionnel. Mais la liturgie des heures programme ici un répertoire large, souvent notoire. Essentiellement germanique.Des associations plutôt libres, voire arbitraires. Ainsi un rare Allegro de Mendelssohn pour les Laudes, quand des pages éponymes de Petr Eben ou Jean-Louis Florentz fournissaient des alternatives plus évidentes. Si le BuxWV 76, dérivé du Cantique de Siméon, s’intègre légitimement aux Complies, le Contrapunctus 14 y surprend davantage. On ne voudrait fustiger les incongruités quand cette heure-et-quart semble surtout inspirée des dilections de l’interprète, et magnifie les sonorités de ce récent instrument, -à l’aise dans les trois siècles traversés, du premier Baroque aux sobres transparences de l’Agnus Dei de Frank Martin. Les pages 20-22 révèlent le détail des jeux employés. Seule déception, l’extrait de "L’Art de la Fugue", parcimonieusement registré, d’autant que l’exécution tend à le banaliser. Au demeurant, robustesse du Plenum, bagou des anches (percutante Trompette dans la septième variation du "Sei gegrüsset") : les tuyaux respirent la santé, l’harmonisation d’ensemble séduit. Fomentée dans la touffeur des 8 pieds, la Fugue de Schumann conclut l’album par une turgescence qui n’a rien d’un éteignoir. Malgré un parcours controuvé, voici un flatteur portrait de cet orgue, que l’anthologie concoctée par Matthias Neumann sait valoriser. (Christophe Steyne)  Recorded in the monastery of Walkenried, Matthias Neumann takes the listener of this CD on a journey into the monastic life of the Cistercians. Until today the prayer times at the monastery follow a set procedure and shape the daily routine, the major hours being Lauds at dawn, Vespers at the lighting of the evening lamps and Compline before retiring for the night. The present recording is based on this procedure. Thus, for each prayer, Matthias Neumann has chosen one or more works by Johann Sebastian Bach, Dieterich Buxtehude, Felix Mendelssohn Bartholdy and Robert Schumann, among others. The result is a diverse programme with works from various epochs, played on the organ newly built in 2017 by Jörg Bente in the chapter house of the monastery.
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