Voici une remarquable La Flûte enchantée : enregistrée (en live) il y a tout juste un an à Covent Garden, cette production s’avère en effet particulièrement réussie, à tout point de vue. La distribution vocale n’appelle que des éloges avec l’une des meilleures mozartiennes en Pamina (Dorothea Röschmann), un très bon Tamino (Will Hartmann), un impeccable Papageno (Simon Keenlyside), l’une des plus belles basses du moment pour Sarastro (Franz-Josef Zelig) et une Reine de la nuit exceptionnelle (la jeune allemande Diana Damrau). Dans la fosse, Sir Colin Davis dirige avec talent mais, comme toujours, manque un peu de nerf. A la régie, David McVicar, que le public parisien a pu découvrir au Théâtre des Champs-Elysées dans Agrippina et Semele, déploie une mise en scène respectueuse du livret - merci ! - mais avec cette pointe d’humour et d’invention qui maintient l’attention et la curiosité du spectateur (comme ce volatile déplumé animé par un machiniste qui apparaît lors du premier air de Papageno !). Le décor est sombre et discret, un peu de mobilier habille par moment le plateau, les costumes, sans surprise, évoquent le XVIIIe, mais c’est la gestion intelligente de l’espace et des mouvements qui importe ici. Monostatos et sa suite font un peu penser au retour des morts vivants, Papagena apparaît la première fois sous les traits d'une Lolita et non d'une vielle femme, mais il n’y a rien de bien méchant, ce spectacle peut être conseillé à tous les publics, les petits comme grands. Un superbe DVD, musicalement et visuellement, et avec quelques bonus bienvenus (interviews du chef et du metteur en scène).