Un disque étonnant, les deux dernières et plus célèbres symphonies de Mozart, dans un arrangement réalisé par Muzio Clementi dans les années 1810-1820 pour… piano, violoncelle, violon et flûte. Ecouter ce disque, c’est l’adopter, tant la cohésion des instruments et parfaite, quasi-orchestrale. Il faut dire aussi que l’interprétation des quatre musiciens italiens, dédiés corps et âmes, et la qualité impressionnante de la prise de son du label Concerto y sont pour beaucoup. Toujours est-il que cet enregistrement saura vous convaincre, une fois de plus, du génie de Mozart et de l’universalité de sa musique. Un vrai petit bijou.  La gloire posthume de Mozart commença à prendre de l’ampleur dans les années 1820, sous l’impulsion de certains de ses élèves et des premiers romantiques dont beaucoup l’idolâtraient. Malgré la diffusion restreinte de ses œuvres de son vivant, certains de ses contemporains avaient conçu une admiration durable pour son œuvre, dont Muzio Clementi (1752-1832), pianiste virtuose, compositeur, éditeur, fabricant de pianos, installé à Londres dès 1766. Une compétition comme l’époque les aimait lui fit rencontrer Mozart à Vienne en 1781. A l’issue de l’épreuve Mozart dans une lettre à son père affirma que Clementi «n’avait un sou de goût ni de sentiment », qu’il n’était qu’ «une pure mécanique ». Apparemment ignorant de cette opinion négative, Clementi voua sa vie durant une vive admiration à Mozart, et publia entre 1813 et 1817 de nombreuses transcriptions de ses œuvres, dont cette arrangement pour piano flûte violon et violoncelle des deux dernières symphonies (les 40ème et 41ème). En bon pianiste, Clementi donne la part du lion à son instrument, qui joue de la première à la dernière note, les autres instruments étant réduits au rôle d’accompagnants, surtout dans la 40ème, dans cette version de chambre qui renouvelle ces pièces archi-connues. Les interprètes, à commencer par le pianiste Davide Cabassi, se lancent avec fougue et panache dans une interprétation à l’enthousiasme communicatif. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)

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