Après le grand succès de son premier opéra Halka, qui a quasiment changé sa vie sur le plan social, Moniuszko s’est attaqué à son opéra en un acte Flis, dont la création en 1858 a été également une belle réussite auprès du public et de la critique. Une surprise : l’irruption tumultueuse des chœurs en pleine ouverture elle-même d’une richesse et d’une virtuosité qui évoquent, dans le genre, les pièces maîtresses d’un Weber. De beaux timbres (une réserve pour le ténor, un peu raide), une très bonne note pour la basse. D’admirables chœurs homogènes, précis, à la hauteur d’une musique vertigineuse qui emporte chœurs et voix dans ses volutes inextricables, aussi tempêtueuses que le thème. Signe que notre langue, jadis universelle, n’existe plus, tous les textes et le livret sont en polonais, allemand, italien et anglais… mais rien pour nous, pas même un résumé. On n’y perd rien, vu l’indigence du thème : après une tempête effroyable, les habitants du bord de la Vistule attendent, angoissés, le retour d’un jeune passeur, aimé d’une jeune fille, que son père a fiancée à un coiffeur du village. L’amoureux désespéré part à la recherche de son frère disparu… qui n’est autre que le coiffeur ! Et tout est bien qui finit bien. Reste à savourer une mélodie omniprésente qui enchaîne sur un rythme endiablé vocalises et broderies de violons et de voix, tous ayant fort à faire. Un enthousiasme frénétique salua la première (24.9.1858) : rien d’étonnant. (Danielle Porte)
|