 Les quinze symphonies pour ensemble de cordes, plutôt ébauches de symphonies, furent composées par le très jeune Mendelssohn (12 ans pour le premier opus) d'abord sur un pianoforte pour être ensuite confiées à un orchestre de chambre. Elle constituent véritablement un work in progress. Mendelssohn y recycle ce qu'il apprend chez son professeur de composition Carl Friedrich Zelter directeur de la Singakademie de Berlin : la technique de composition, le maniement du contrepoint et spécifiquement les exercices de tonalité. L'esprit Sturm und Drang est aussi bien prégnant dans ces œuvres par la proximité élective de Goethe. Leur style n'a rien de galant ni de complaisant, et ce tissu serré voire guindé sent le jeune prodige, s'ingéniant, en piochant chez les classiques (dont Haendel, Haydn et CPE Bach) et son contemporains Weber, à fournir les preuves de son lumineux talent. Il ne se facilite jamais la tâche, évite systématiquement les effets gratuits et rompt souvent le flux du développement pour amortir et consolider la pertinence de son discours. Michi Gaigg, merveilleuse interprète des compositeurs marginaux issus de Mannheim et du classicisme, (Wagenseil, Monn, Myslicevek, Léopold Mozart) ajoute judicieusement à son orchestre un fortepiano. L'Orféo Barockorchester est comme d'habitude d'une matérialité souveraine mais ne cesse là de s'enflammer, très fidèle à la veine volcanique qui anime ces partitions. Les tempi sont respectés à la lettre. L'assise et la ductilité du fortepiano renforcent la conduite et l'élan. Les tuttis sont vifs et affutés. Les cordes virevoltent. Tout contribue à nous servir un festin de timbres et de dynamiques. Voilà un coruscant premier volume qui augure de la légitimité d'une nouvelle intégrale. (Jérôme Angouillant)  A New Reading of Mendelssohn’s Early Symphonies It is simply breathtaking to think what the twelve-year-old Felix Mendelssohn had already achieved in the field of composition. In a letter of 1821 his mother reported, »Nobody can imagine this free, genial nature. His productivity is really to be admired. During the past year he has written two operas, in addition a five-part psalm for the Akademie, six symphonies in the manner of early composers, without wind instruments, some sonatas, etc.« Mendelssohn composed these first six string symphonies (of a total of twelve) while receiving instruction from Carl Friedrich Zelter, and they most certainly were performed during the matinées presented every two weeks at his parents’ home. According to the contemporary witness Adolf Bernhard Marx, they were accompanied by Felix »mostly or throughout in the thoroughbass manner.« And this is the starting point for the musicians of the L’Orfeo Baroque Orchestra under their conductor Michi Gaigg: a historical fortepiano as if by nature forms the thoroughbass »in the manner of early composers.« At long last Michi Gaigg has found just the right sound guise for these early strokes of genius. »The musicians of L’Orfeo here too once again know what it takes to captivate the listener with their playing, their effective dynamic shadings, their fresh tempi, and the historically informed sound«.

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