Maurice Jarre Roland Petit Notre Dame de Paris Osipova Bolle Nezha Connelly - OA1139D - Lyrique

Un spectacle décapant, merveilleusement conçu et adapté au texte de Hugo, renouvelé par une chorégraphie audacieuse de Roland Petit et par les costumes d’une élégante sobriété, signés Yves Saint-Laurent. Tout y est beauté pour l’œil et pour l’oreille : depuis l’entrée en matière, la rosace de la cathédrale en forme de kaléidoscope accompagnant le générique (mise en scène de René Allio), et la musique de Maurice Jarre « collant » elle aussi aux situations et aux sentiments, confiée parfois même à des chœurs. Impeccable prestation du corps de ballet de la Scala, gestes calculés à la seconde près, tant en bourreaux noirs qu’en « fous » orange, jaune et vert amande. Interprétation « coup de cœur coup de poing » des solistes : Quasimodo (invraisemblable Roberto Bolle, qui réussit à ne jamais oublier qu’il est difforme… et reste néanmoins très beau), d’une danseuse-plume en Esméralda (Natalia Osipova) et d’un Frollo terrifiant (Mick Zeni). L’expressivité des visages, assurée par le rapprochement-vidéo, est exemplaire. Et la danse, donc ! Deux moments inoubliables : Quasimodo accroché à l’énorme cloche, selon le dessin à l’encre bien connu de Victor Hugo, et la mort d’Esméralda que le bossu emporte en la faisant passer d’une épaule à l’autre comme un paquet de chiffons avant de s’enfoncer dans la nuit. Du très, très grand art. (Danielle Porte)