 Gabriela Balcerek est une jeune et très talentueuse violoniste polonaise dont on est heureux de saluer aujourd’hui, à vingt-et ans, le second album, le premier ayant été enregistré à l’âge d’à peine quinze ans (DUX 1536 : Hubay, Kreisler, Kroll, Massenet, Sarasate, Szcerbínski, Wieniawski). Stylistiquement proche de son compatriote Henryk Szering (1918-1988) Gabriela Bacerek nous charme par la simplicité du phrasé et la noblesse et la finesse du ton, par la maîtrise et la délicatesse du vibrato. Son programme de petites pièces variées, d’humeur différente du premier album, nous fait découvrir — généalogie oblige — des œuvres notoires de Wieniawski (1835-1880), son Caprice-Valse en Mi majeur, parfois moins connues d’Alexander Zarzicky (1834-1895), une Mazuka en Sol majeur, et de Grazyna Bacewicz (1909-1969), un vertigineux Oberek, ou adaptées, telle la transcription par Nathan Milstein (1903-1992) du Nocturne en Ut dièse mineur de Chopin. Autour de cet axe aisément compréhensible, les mélodies de Falla, Tchaikovsky, Bartók, Kreisler, Dvorák, Fauré font assaut de séduction et, en leurs « méandres capricieux », composent une sorte d’hymne aux joies de l’amour, empli de fraicheur juvénile, de luminosité radieuse et primesautière, totalement dénué d'emphase et de fausse affectation. La simplicité de l’Humoresque en Sol majeur de Dvorák s’allie à la pureté fauréenne d’"Après un rêve", dans la transcription de Mischa Elman (1891-1967), et à la contribution syncopée de Kreisler au succès des rags et cakewalks américains des années 1925. Le thème célèbre du Hautbois de Gabriel, composé par Ennio Morricone (1928-2020) est une sorte de clin d’œil que nous lance la spirituelle violoniste. Enfin la Csárdás de Vittorio Monti (1863-1922) conclut ce remarquable album de manière aussi sensible qu’éblouissante. L’accompagnement de l'orchestre de chambre varsovien Sinfonia Viva, sous la direction de Tomasz Radziwonowicz, attentive aux nuances expressives de la soliste, est un parfait écrin pour son jeune talent. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

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