Voici l’une des faces cachée de Franz Liszt, dont nous célébrons cette année (2011) le 200ème anniversaire de sa naissance : le Lieder. Le ténor allemand Hans Jörg Mammel, accompagné au piano par Hilko Dumno nous révèlent une musique étonnante, qui saura ravir à la fois les amateurs de Liszt, le pianiste virtuose, et les férus de lyrique.  Un récital entièrement consacré à Liszt, c’est une aubaine devenue bien rare depuis l’encyclopédiste Fischer-Dieskau. Autre bonne nouvelle, Heine, Gœthe, Schiller sont convoqués dans ce programme intelligemment construit par Hans Jörg Mammel, qui s’en explique dans un court mais éclairant texte de présentation. Le tenor allemand fascine d’emblée par sa sonorité franche et copieuse, et par son timbre protéiforme, granitique dans le mortifère Fichtenbaum, lumineux dans l’élégiaque Du bist wie eine Blume. Le legato agit comme un baume dans Freudvoll und Leidvoll, et plus encore dans le consolateur Der du von dem Himmel bist. Vergiftet sind meine Lieder est projeté de façon quasi expressioniste, mais Mammel possède une véritable mezza-voce qu’il déploie dans Über allen Gipfeln ist Ruh. Toutes ces qualités sont mobilisées dans les deux opéras miniatures que sont la Loreley et le Roi de Thulé, et Hilko Dumno n’est pas en reste qui met tout un orchestre dans son piano. En bonus caché, l’envie de réécouter les compositeurs qui ont mis en musique les poèmes réunis ici. Je commencerais avec Wolf, Wer nie sein Brot mit Tränen ass… (Olivier Gutierrez)  Nous célébrons cette année le 200ème anniversaire de la naissance de Franz Liszt, dont les œuvres ne sont pas encore reconnues à leur juste valeur. Il compte en effet parmi les compositeurs qui ont radicalement changés la culture musicale au 19ème siècle. Ses lieder font partie de ces œuvres injustement méconnues, alors que Liszt considérait justement le lied comme un champ d'expérimentation de son langage musical. Souvent, la signification du texte est rendue de façon très précise par des changements de rythme ou des harmonies audacieuses. Dans "Loreley" par exemple (sur un texte de Heinrich Heine), Liszt utilise bien avant Wagner l'accord de Tristan. Le ténor Hans Jörg Mammel et son pianiste accompagnateur Hilko Dumno nous font découvrir en Liszt un compositeur de lieder fascinant.
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