Des études ? Des poèmes, Amir Katz l’affirme tout au long des "Etudes d’exécution transcendante" qui à l’exemple des Etudes de Chopin résolvent des problèmes en en faisant des tableaux ou de sonnets. Mais pour que les "Feux follets" soit des esprits de feux follets, pour que l’Eroica devienne cette polonaise obstinée où les traits sont comme des épées qui dansent, où le récit se pique d’agaceries, pour que les fusils de "Wilde Jagd" fusent leurs décharges plutôt sur des étoiles que sur des lapins, il faut que la virtuosité non seulement ne se voit pas, mais ne puisse s’entendre. Amir Katz joue au prestidigitateur, ses doigts volent sur tout cela, aimantent le clavier, envolent son meuble dans des sons pleins mais en apesanteur qui rappellent les plénitudes picturales que Claudio Arrau y brossait à plein clavier. Alors "Chasse neige" pourra développer son fusain de gris colorés inouïs, études pour les sonorités où Amir Katz crée une vertigineuse abstraction debussyste, creusant le son à force de douceur. Cela aurait pu suffire, mais quitte à plonger dans les Etudes de Liszt, alors autant les enregistrer toutes, l’art du prestidigitateur n’en sera que plus magique. Le close-up des Etudes d’après Paganini fait chanter tout ce qui devrait briller : cette Campanella de bel canto est inouïe de finesse, d’apartés, d’intentions, le tout serré dans la ligne, avec des trilles de flûte, le Thème et Variations de la 6e un kaléidoscope de sensations. Le triptyque italien des Trois Etudes est d’une élégance folle, c’est un chanteur qui joue ces scènes d’opéra, les deux études paysages, l’une irréelle (Waldesrauschen, ces autres "Jeux d’eau"), l’autre croquis prêt à bondir des portés (Gnomenreigen), jouées avec une science pianistique comme venue d’un autre temps, celui où Alkan violentait l’humeur atrabilaire d’"Ab Irato", qu’Amir Katz ressasse dans une écume faustienne. Un ajout génial à cet ensemble profus, les "Réminiscences de Don Juan", anathème du commandeur qui prélude à tout un opéra que Liszt resserre dans son piano et qu’Amir Katz s’enivre à mettre en scène. Quel artiste, qui nous montre Liszt griffonnant son papier à musique comme un possédé ! (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Liszt’s Études represent a peak in the history of piano writing. Beyond the tremendous technical difficulties, Liszt’s Études are poetic works, études tableaux, suggesting programme music influenced by literature, painting, and folklore as can be identified by titles such as Mazeppa, Wilde Jagd, Gnomenreigen and Feux follets. Similar to Schumann, Liszt added those lyrical headings as an afterthought to stimulate the fantasy of both the listener and the performer, thus paving the path to piano playing as we know it today.
|