Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Quatuor à cordes n° 12 en mi bémol majeur, op. 127

Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Quatuor à cordes n° 11 en fa mineur, op. 122

Alma Quartet

Dans ce premier volume d’une série consacrée aux quatuors tardifs de divers compositeurs, le Quatuor Alma présente le 12e opus de Beethoven avec le 11e opus de Chostakovitch. Un choix d’autant plus pertinent que Chostakovitch fut profondément influencé par son illustre confrère viennois, confiant d’ailleurs la création de ses quatuors au célèbre Quatuor Beethoven… Chez les deux compositeurs, l’écriture tardive s’épure avec le souci de répondre aux exigences de la forme classique. Pourtant, ils se confient à leur manière dans les mouvements lents des deux opus. Le lyrisme chaleureux de l’œuvre de Beethoven est parfaitement restitué par le Quatuor Alma servi, il est vrai, par une prise de son remarquable de présence et de finesse. L’Adagio du quatuor de Beethoven est à lui seul un chef-d’œuvre, abordé sous forme de variations, dépouillé, rendu à l’état d’un hymne à la vie. Partition narrative, d’une folle densité et modernité d’écriture, il se place en miroir avec le Quatuor en ré bémol majeur de Chostakovitch. Celui-ci est des plus étranges avec sept mouvements relativement brefs et enchaînés. S’agit-il d’un tombeau, d’un requiem sans paroles ? Les contrastes sont extrêmes entre la violence exacerbée et la sobriété de l’écriture. Le Quatuor Alma joue avec panache de la succession des atmosphères comme dans l’Etude – quatrième mouvement – dont les vibrations cinglantes ne peuvent écraser le chant. Ils saisissent parfaitement la dimension symphonique de cette œuvre après leur interprétation réussie du quatuor de Beethoven. (Jean Dandrésy)

As much as the now popular sentence naming Shostakovich "the Beethoven of the 20th Century" is debatable, nobody can deny an amount of contact points between the two composers: above all, the favorite musical mediums and the engagement in historical and political coeval affairs. However, we think that nothing like their Late String Quartets can offer material for a comparative listening and analysis. In both cases we can easily detect what Edward Said defined and discussed as the "Late Style". And in both cases we are in front of a complex and vibrant dialectic between a process of abstraction and a moral imperative to stick to the "hic et nunc". Such an intellectual and existential confrontation is fruitfully without solution and offers a never-ending space to insights and interpretations. Here we propose Alma Quartet's outlook first instalment.