 Fondée au XIIe siècle, Leipzig vit rapidement s'ériger ses deux principales églises. La construction de Saint-Nicolas débuta en 1165 et celle de Saint-Thomas en 1212. Les institutions rattachées à celle-ci furent établies la même année : la Thomasschule, la seule école de la ville durant ses trois premiers siècles d'existence, forme les jeunes garçons qui constituent le Thomanerchor. Immortalisé dans la mémoire collective par la présence de Bach à sa direction de 1723 à 1750, ce chœur est toujours actuellement en activité. En 1539, Luther prêche en l'Eglise Saint-Thomas. Ses textes deviendront la source principale d'inspiration des maîtres de chapelle (kantoren) de Leipzig où la Réforme s'est implantée définitivement. Le Thomanerchor est alors rattaché au Conseil de la ville. L'enregistrement du Kammerchor Josquin des Prez, dont l'effectif approche celui du Thomanerchor au XVIIIe siècle, propose un tour d'horizon de la vie musicale à Saint-Thomas de 1594 à 1750. La sélection d'œuvres de Bach et de ses six prédécesseurs au poste de kantor permet de se faire facilement une idée de la situation complexe d'une époque où vont se confronter le contrepoint strict légué par la Renaissance et la rhétorique du « style représentatif » baroque. Au cours de cette période marquée par les plus grands changements stylistiques à l'échelle européenne, la peinture du mot, les raffinements de la prosodie et le principe concertant parvinrent à atténuer le caractère exclusif du choral et de la polyphonie. Ces rapprochements rendront possible la synthèse de Bach. Grâce à l'alternance des style d'écriture et des modes d'exécution (a cappella, avec basse continue) que propose l'enregistrement, son écoute continue n'engendre aucune sensation de monotonie. La diversité peut même surprendre à l'audition de pièces de Knüpfer ou de Kuhnau, le prédécesseur direct de Bach de 1701 à 1722. L'esthétique du motet Tristis est anima mea, composé il est vrai avant sa prise de fonction à Leipzig, crée un dépaysement passager. Son sensualisme le rapproche davantage de maîtres vénitiens tels que Cavalli ou Lotti dont la polyphonie héritée de Palestrina se teintait de dissonances expressives et de douloureuses suavités harmoniques. Malgré la présence de quelques « sophistications » d'écriture, la forme musicale est dans la majorité des œuvres fondée sur l'importance accordée au texte (idéal commun de la Réforme et du Concile de Trente). La sobriété et l'éloquence qui en résultent ont conservé le pouvoir de mettre le corps et l'âme en accord. (Pascal Edeline) Lorsque Johann Sebastian Bach prit ses fonctions de cantor de Saint Thomas à Leipzig en 1723, les étudiants de la maîtrise pouvaient se reposer sur une tradition de plus de 500 ans. À l'occasion du 800ème anniversaire de Saint Thomas, l'héritage musical que Bach trouva à son arrivée est à l'honneur. Aux côtés de Johann Sebastian Bach, dont deux œuvres figurent sur ce CD, sont présents les six cantors qui l'ont directement précédé, entre autres Sethus Calvisus (1556–1615), Johann Hermann Schein (1586–1630) ou Johann Kuhnau (1660–1722). Le Kammerchor Josquin des Préz de Leipzig sous la direction de Ludwig Böhme impressionne par sa sensibilité musicale remarquable et sa sûreté de style, ainsi que par sa sonorité homogène et parfaitement équilibrée. When Johann Sebastian Bach assumed his position as Thomaskantor in Leipzig, the students at St. Thomas could already look back on a 500-year-old tradition. On the occasion of the 800th anniversary of St. Thomas the rich musical legacy of this institution, prior to Bach’s appointment there, are brought to life in sound. In addition to works by Johann Sebastian Bach this CD presents compositions of six of his direct predecessors, ranging from Sethus Calvisius (1556-1615) via Johann Hermann Schein (1586-1630) to Johann Kuhnau (1660-1722). The Leipzig Kammerchor Josquin des Préz, under the direction of Ludwig Böhme, impresses with its remarkable musical sensitivity and surety of style, as well as with an homogeneous, perfectly balanced choral style.
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