Leopold Hager dirige Mozart Œuvres pour flûte pour soprano et pour orchestre Popp Schulz

C’est en 1949 que Berhardt Paumgartner inaugura la série des concerts d’avant-déjeuner du Festival de Salzbourg, les "Matinées Mozart", qui avaient lieu chaque fin de semaine dans la petite salle du Festival, et dans lesquels furent présentés quelques-uns des plus grands interprètes mozartiens de chaque époque, Haskil, Backhaus, Anda, Klien, Schiff, Brendel aussi bien que Oïstrakh, Kogan, Grumiaux, ou Mathis, Ludwig, Streich, Seefried, Fischer-Dieskau, dans des programmes mettant en lumière les facettes du génie du compositeur. Aujourd’hui Orfeo fait revivre une matinée du 12 août 1979, réunissant la lumineuse et irradiante voix de Lucia Popp, dans deux airs périlleux, le Kv 217 de 1775 ainsi que le plus connu Kv 272 de 1777, conçu comme une véritable scène dramatique d’après Paisiello (1740-1816), et la flûte volubile et lyrique de Wolfgang Schulz dans le Concerto en Sol majeur Kv 313, l’orchestre et les solistes étant dirigés par le confirmé Leopold Hager. Témoignages historiques d’une époque au cours de laquelle la dévotion à Mozart n’avait pas besoin d’adjuvants publicitaires. Après sa mise en voix progressive, on admirera la puissance dramatique dont Lucia Popp empreint ses interprétations, le velouté des aigus de sa jeunesse se teintant ici des sombres ardeurs d’une Andromède rongée par la passion. Wolfgang Schulz, quant à lui, pare les cadences du concerto pour flûte d’un lyrisme virtuose très séduisant en parfaite harmonie avec la légèreté des Petits riens Kv 299b et le caractère spirituel et élégant de la Symphonie parisienne Kv 297, que souligne parfaitement la direction attentive et minutieuse de Leopold Hager, soucieux de donner sa juste place à chacun des pupitres de l’orchestre du Mozarteum. La prise de son quelque peu réverbérée porte indéniablement son âge mais aucunement préjudice à l’intérêt et à l’importance de ce témoignage. Que les jeunes générations y aillent ! (Jacques-Philippe Saint-Gerand)