 Hollandais, orphelin, Juif, globe-trotter, pianiste, accompagnateur, musicien marionnettiste, libraire installé à Ascona après les terribles épreuves de la déportation et de la torture - sa description de la vie à Buchenwald donne froid dans le dos - ami du compositeur Pijper et de la danseuse Charlotte Bara, mort à 99 ans et ses cendres dispersées dans la Seine... un parcours singulièrement atypique, celui de Léo Kok, auteur à peu près inconnu et qui ne cherchait pas à sortir de l'ombre. Un Sage. L'œuvre : minuscule comme les marionnettes, fragile comme les enfants à qui est consacrée la suite de huit pièces, dont "Chanson pour les enfants qui n'ont pas de Noël", "la Mort d'un enfant"; gracile comme les pétales du camélia, dont il fit un ballet pour son égérie. Que de charme, dans ces bijoux simplement et savamment ciselés, où la recherche subtile sur les harmonies, jamais agressives, se fait oublier pour laisser la place première au chant : même lorsque le piano est seul, il chante. Il chante, rit ou pleure, c'est selon, mais sans cesser jamais d'enchanter l'oreille. Ou l'âme. Familier et insaisissable, pudique et voluptueux, inattendu partout. (Danielle Porte)  Leo Kok, pianiste, compositeur, résistant et libraire d’occasion est né le 2 novembre 1893 à Amsterdam. Devenu orphelin de ses deux parents peu après sa naissance, il a grandi d’abord chez sa grand-mère, et après la mort de celle-ci chez une tante à La Hague. Il a étudié la musique au Conservatoire Royal de La Hague auprès de Willem Pijper. Pacifiste convaincu, il s’est déclaré objecteur de conscience pendant la Première Guerre mondiale, suite à quoi il fut emprisonné. À côté de son activité de compositeur, il était aussi accompagnateur de chant et pianiste accompagnateur de différents danseurs, notamment de la danseuse Lili Green, et surtout de la célèbre danseuse expressionniste Charlotte Bara, dont il devint le partenaire musical de prédilection. Ils jouèrent ensemble à Ascona sur la scène du théâtre dirigé par la même Bara, le ‘San Materno’, qui était devenu rapidement la première adresse culturelle d’Ascona et un lieu de rencontre apprécié par le légendaire milieu bohème de Monte Verità. On les vit aussi dans la pièce « Le triomphe du Camélia », mise en scène par René Morax et temps fort de la ‘Fête du camélia’ organisée sur la Piazza Grande de Locarno. Fidèle à ses convictions pacifistes pendant la montée du mouvement nazi en Europe, Leo Kok s’engagea dans la résistance. Un de ses amis et compagnons de lutte dans la résistance était l’éditeur Guy Lévis Mano, dans l’appartement duquel il emménagea, avant d’être finalement arrêté et déporté dans le camp de concentration de Buchenwald le 24 janvier 1944. Après la libération, Kok est revenu à Ascona, où il a ouvert sa librairie d’occasion, la ‘Libreria della Rondine’, qui s’est rapidement transformée en un lieu de rencontre prisé des intellectuels et artistes. À cause des blessures aux deux poignets subies sous la torture, mais peut-être simplement en raison de ses expériences effroyables, il renonça à poursuivre sa carrière de pianiste. Il continua à composer, la plupart du temps pour le théâtre de marionnettes d’Ascona. Leo Kok est mort le 7 août 1992 à Ascona, à presque quatre-vingt-dix-neuf ans. Ses cendres ont été dispersées dans la Seine depuis son pont préféré à Paris, le pont des Arts.

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