 Le programme que propose le jeune pianiste viennois Maximilian Korner est l’image crépusculaire d’un monde en perdition ; celui de l’empire austro-hongrois à la veille de la grande guerre, celui des adieux à la tonalité. Tout d’abord Erich Wolfgang Korngold (1897-1957), compositeur de génie injustement oublié - si on excepte son concerto pour violon et la musique du film « les aventures de Robin des Bois » avec Errol Flynn. À tout juste 13 ans en 1910, Korngold dédie sa seconde sonate à son professeur Zemlinski. Des noirceurs d’un moderato introductif au sfumato du largo en passant par un scherzo offensif et un finale ironique, nous mesurons au combien l’œuvre post-romantique de Korngold reste à découvrir… Sonate miroir et contemporaine, l’op.1 d’Alban Berg (1885-1935) où en un seul mouvement « Mäßig bewegt » - avec un émotion modérée - le viennois de 23 ans emprunte déjà les chemins de l’atonalisme et se libère de la forme, déroutant l’auditeur de chromatismes et de gammes par tons. En apposition Maximilian Korner convoque les réminiscences d’une Vienne au charme immortel, celles des valses de Fritz Kreisler (1875-1962) transcrites avec brio par Rachmaninov - autre virtuose d’un monde perdu - ou des « Nouvelles danses viennoises » du jeune compositeur Christoph Ehrenfellner (né en 1975), hommage à ses compatriotes qui glissent en clin d’œil vers « La valse » de Ravel et se disloquent peu à peu… Le piano de Maximilian Korner alterne avec finesse l’intellectualisme post-romantique souligné par une prise de son magnifiant le médium, la virtuosité rutilante sans être ostentatoire et la ligne de chant toute viennoise, la main sur le cœur, avec une distance d’une rare élégance. Premier coup de maître ? À suivre… (Florestan de Marucaverde) Piano music from Vienna – the composers who first come to mind will rarely be Erich Wolfgang Korngold, Alban Berg, Christoph Ehrenfellner and Fritz Kreisler. The young Viennese pianist Maximilian Kromer, who can already be heard internationally on the biggest stages, deliberately leaves out Viennese Classicism with its somewhat well-trodden paths, and illuminates an even wider, refreshing spectrum of Viennese piano music with his debut album. While grand complexity and thorough chromatic explorations are imminent in the piano sonatas of Korngold’s and Berg’s, the New Viennese Dances by Ehrenfellner (composed in 2019) and the dances “Liebesleid” and “Liebesfreud” by Kreisler, transcribed by Rachmaninoff, combine the element of the Viennese waltz, which, like the so-called Second Viennese School, is part of the musical DNA of the performer’s hometown.
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