 « De l’audace » pourrait-être la devise de Nicolas Alstaedt : Lauréat en 2005 d’un fameux Concours allemand, il choisit certes une Sonate de Beethoven, mais relue d’une telle façon qu’elle dut paraitre méconnaissable aux membres du jury, avant de distiller tout l’étrange des trois cahiers que Webern a composé pour son instrument. L’étrangeté de ce précis poétique est augmentée par le piano atmosphérique de Francesco Piemontesi, comparse génial, quel dommage qu’ils n’aient pas prolongé jusqu’à aujourd’hui ce duo inventif qui donne une lecture si pertinente de la Suite Italienne, « destravinskisée » en quelque sorte, en faisant un objet étrange, inclassable, plus moderne qu’elle ne fut jamais. Est-ce le fait de l’avoir précédé avec la Sonate de Ligeti ? Le violoncelliste avait posé l’opus du hongrois en postlude à une lecture déconcertante, comme improvisée, de la 5e Suite de Bach : on croirait entendre une viole de gambe ! Cinq années plus tard, avec celui qui est devenu son partenaire privilégié, Jose Gallardo, une autre mise en miroir est à l’œuvre. Les aventureuses diffraction, les « flûteries » savoureuses, les mélodies perdues de deux cahiers de Wilhelm Killmayer faces aux romances et aux contes de Schumann. Affinités électives évidentes d’un siècle l’autre d’ailleurs une des Romances de Killmayer est notée « Im Schumann-Ton ». Ce ton Schumann, les deux amis le font fantasque au possible, forçant à une réécoute drastique de ces pièces où l’univers d’Hoffmann s’invite. Fascinant. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Nicolas Alstaedt, le violoncelliste allemand qui monte, dans un récital intelligemment conçu dédié à deux compositeurs allemands, l’un du XIXe siècle, Robert Schumann, l’autre contemporain, Wilhelm Killmayer. Près de 150 ans d’écart entre la composition des œuvres ici enregistrées, qui ne paraissent qu’un jour dans l’interprétation des deux musiciens qui parviennent étonnement à rompre les barrières du temps. Sa production discographique des Concertos pour violoncelle de Haydn chez GENUIN ayant été saluée avec autant d’enthousiasme par les mélomanes que la critique, le violoncelliste d’exception Nicolas Alstaedt récidive. Au travers d’un enregistrement de musique de chambre intime, il dévoile ses immenses qualités de métamorphose : avec le pianiste José Gallardo, il fait disparaître les démarcations entre les époques. Grâce à un premier enregistrement sensationnel des Romances et des Bagatelles de Wilhelm Killmayer, les deux musiciens touchent directement au coeur, et dans les derniers morceaux de Schumann, tendent les arcs si fort qu’on ose à peine respirer. Une grande production de petits chefsd’œuvre.

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