Johann Friedrich Reichardt (1752-1814)
Der Gesisterinsel, opéra en 3 actes

Ulrike Staude, soprano
Romelia Lichtenstein, soprano
Markus Schäfer, ténor
Ekkehard Abele, basse
Jörg Hempel, basse
Barbara Hannigan, soprano
Jörh Hempel, basse
Yoshitaka Ogasawara, basse
Stefan Filipiak, récitant
Rheinische Kantorei
Das Kleine Konzert
Hermann Max, direction

On aurait tort de ne voir dans cette "Île des Esprits", inspirée de la "Tempête" de Shakespeare, qu’un chainon manquant quelque part entre, d’un côté, Mozart ou Gluck et, de l’autre le dernier Haydn et Beethoven. En effet, à l’écoute, l’intérêt de cet enregistrement intégral dépasse vite l’histoire et la musicologie, l’œuvre possédant sa valeur intrinsèque et nous touchant à la fois par sa simplicité et son pittoresque. Le Singspiel mêle parties parlées, airs solo ou ensembles allant du duo jusqu’au chœur ; la partition se propose quant à elle de traduire tour à tour, les sortilèges de cette île particulière, les terreurs et les tendresses des personnages, les péripéties alternant contemplation ou effroi devant la nature ou les épisodes surnaturels. Pas une minute, on ne s’ennuie ! Du côté de l’interprétation, l’implication énergique du chef Hermann Max emporte l’adhésion. Il est secondé par une distribution vocale pas toujours homogène mais constamment motivée, au milieu de laquelle on distinguera une excellente Barbara Hannigan s’amusant follement. De quoi redécouvrir, même si c’est partiellement, l’œuvre de ce musicien dont Von Arnim et Bretano auraient souhaité qu’il fût le premier à mettre en musique leur Knaben Wunderhorn. (Alain Monnier)

"The Geisterinsel is a masterpiece of poetry and language: nothing more musical could be imagined". This positive judgment pronounced by Goethe in 1798 was seconded by Duke Carl August, the ruling prince in Saxe-Weimar, when he wrote in 1801 that there was "really beautiful music" in this stage work. Both men were championing a singspiel in three acts premiered at the National Theater in Berlin on 6 July 1798 and performed fifty-five more times at this house until 1825. The authors of this successful work were the Gotha-born Friedrich Wilhelm Gotter and Friedrich Hildebrand of Einsiedel and its composer was the Königsberg native Johann Friedrich Reichardt. After a short phase as a brilliant violin virtuoso Reichardt, who was influenced by the philosophy of the Enlightenment, became a pathbreaking »thinking artist« who soon met with recognition in various European countries as a composer and versatile writer active in many fields. With simple means Reichardt’s music seeks, in keeping with the particular situation, to do justice to the tension between the »gentle melodies« of delightful spirit voices and the horrors of hell. It is primarily in his ensemble and final scenes that this composer produces a complexity that he had learned from Gluck and Mozart.