Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Le Lac des cygnes op. 20, ballet en 4 actes

Anja Behrend
April Ball
Stephan Bourgond
Alvaro Prieto
Momoza Koike
Jeroen Verburggen
Bernice Coppieters
Les Ballets de Monte-Carlo
Saint Louis Symphony Orchestra
Leonard Slatkin, direction
Jean-Christophe Maillot, chorégraphie

Tchaikovski, vraiment ? Dès après l’ouverture, on bascule dans un univers de mimes sur fond de bruitages pychédéliques et de gémissements lugubres. Des enfants, des masques, la Reine Nuit à lunettes de soleil coiffée d’un turban, armée d’immenses ailes en cisailles… Le célèbre ballet commence en cauchemar. Et se poursuit tel, sur un argument prétentieux et difficile à suivre. Prix Goncourt ou pas, il est toujours périlleux de prétendre réécrire les chefs-d’œuvre pour leur imposer une signification qui leur est étrangère. Crânes rasés, gilets ajustés ou complets-vestons dorés, acrobaties saccadées, gestes parfois obscènes, couleurs vives, grimaces, un cafouillage somptueux. Qui représente qui ? Qui fait quoi ? le diable seul le sait. Génial, peut-être, magistralement dansé, sans doute. Mais le malheureux spectateur premier degré venu voir et entendre les décors enchanteurs, les thèmes romantiques et la musique parfaitement adaptée qu’il attend doit en sortir affreusement déçu. Tout y est divorce, tout grince. Tchaikovski se serait bien passé de Jean-Christophe Maillot et de Jean Rouaud. Il y perd son lac, le spectateur y perd son latin. (Danielle Porte)